N° 465 Internationalisation des lieux saints ou guerre sans fin ?

Dans les circonstances actuelles, explorer les chemins qui pourraient conduire à un commencement de paix entre Israéliens et Palestiniens paraît insensé. Pourtant aujourd’hui, la seule chose vraiment insensée est de s’interdire de penser et de croire la paix possible au Moyen-Orient.

 

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Lors de son discours devant l’Académie de Suède, le 14 décembre 1957, l’un des plus jeunes lauréats du prix NOBEL de littérature, Albert CAMUS, eut ce cri qui marquera son discours : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde, la mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. ». 

À l’issue de la cérémonie de remise du prix il tint une conférence de presse au cours de laquelle un jeune Algérien le somma de prendre parti dans le conflit qui ensanglantait l’Algérie.

Selon le journal Le Monde, excédé par l’attitude et le ton de son interlocuteur, Albert CAMUS déclara : « Je n’ai jamais parlé à un Arabe ou à l ‘un de vos militants comme vous venez de me parler publiquement. Je puis vous assurer cependant que vous avez des camarades en vie grâce à des actions que vous ne connaissez pas… ».

Et il poursuivit : « J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi le terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger. En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère».

Cette dernière phrase plusieurs fois déformée en « Je défendrai ma mère avant la justice » ou « Entre ma mère et la justice je choisis ma mère », continue à lui être amèrement reprochée aujourd’hui en France (SARTRE contre CAMUS : le conflit jamais résolu).

60 ans après la fin de la guerre d’Algérie, de nombreux Français persistent ainsi à justifier le recours au terrorisme. Résignés à admettre, comme Jean-Paul SARTRE l’a écrit en 1972, « c’est une arme terrible [le terrorisme], mais les opprimés pauvres n’en ont pas d’autres » (SARTRE et la violence des pauvres).

Certains refusent même aujourd’hui de qualifier de terroristes les auteurs de crimes des plus horribles perpétrés contre des innocents, dès lors qu’ils sont commis pour une « juste cause ».

Face à Tsahal, le 7 octobre, les militants armés du Hamas ont réussi un exploit militaire exceptionnel, qui aurait pu être paradoxalement le prélude à des négociations de paix comme ce fut le cas avec la guerre du Kippour.

Mais l’ampleur et l’atrocité des crimes commis par le Hamas contre les populations civiles ont rendu cette perspective « caduque » avant même qu’elle soit imaginée.

Dès le 8 octobre, l’aviation israélienne a multiplié les bombardements qui ont fait à leur tour de nombreuses victimes innocentes dans la population de Gaza.

Le conflit israélo-palestinien, qui dure depuis la création d’Israël, a toutes les malchances de durer encore très longtemps, en raison de l’instrumentalisation qui en est faite par de très (trop) nombreux pays, et avant tout, en raison des haines réciproques qui ne cessent de s’accumuler.

Palestiniens et Israéliens jamais en vacances ensembles ?

Poser cette question à l’heure où une trêve entre Palestiniens et Israéliens vient de prendre fin peut être reçu comme une sorte de provocation, ou pour le moins une question incongrue et indécente.

En apprenant dans les jours qui ont suivi les horreurs commises par les SS à Oradour-sur-Glane le10 juin 1944, les Français n’imaginaient certainement pas que tant de leurs descendants pourraient sans réserve afficher un grand plaisir à retrouver des Allemands de leur âge dans les campings du Limousin.

La dissipation de la haine ente les Français et les Allemands ne s’est pas faite sans douleur. Il aura fallu des millions de morts pour que les habitants des deux rives du Rhin mesurent enfin leur insondable bêtise et leur immense folie. Avant 1991, avant la guerre en Yougoslavie, les Européens avaient eu la faiblesse de croire que la guerre entre Européens était devenue impossible. Ils avaient surtout complétement voulu oublier que les guerres naissaient autant pour des différends matériels que pour des différends immatériels.

Après les guerres dans les Balkans et la guerre en Ukraine, la nouvelle guerre israélo- palestinienne vient rappeler avec fracas aux Occidentaux que la société multiculturelle apaisée, sans tensions interethniques ni tensions interreligieuses, qu’ils appellent de leurs vœux, conduit plus sûrement en enfer qu’au paradis.

Si on réduit le conflit entre Palestiniens et Israéliens à une guerre religieuse et/ou une guerre de civilisations, il est insoluble. Car, si la guerre commencée par les musulmans contre les juifs, les chrétiens et les mécréants, il y a plus de 1 400 ans, est une guerre d’attrition physique autant qu’idéologique, elle ne pourra s’arrêter, comme l’annonce le Hamas très explicitement, qu’après l’expulsion de tous les Juifs de la terre d’Israël. Ce qui représente depuis la Shoah un objectif quasiment impossible à atteindre.

Depuis 2 000 ans, la Terre sainte est convoitée par les trois religions monothéistes. L’histoire de Jérusalem est ainsi une suite de périodes au cours desquelles successivement les chrétiens (rouge), les musulmans (vert) et les Juifs (bleu) ont pu faire valoir leur « droit de propriété » et/ou leur « droit d’héritage » sur la Palestine.

Après le 7 octobre, le conflit entre Palestiniens et Israéliens, présenté communément comme un conflit territorial et inter-religieux sans fin (et/ou une guerre de civilisations), est redevenue explicitement une guerre d’attrition, une guerre au dernier présent, voire au dernier vivant.

Du samedi 29 novembre 1947 au samedi 7 octobre 2023

C’est à New-York un samedi, le 29 novembre 1947, que le plan de partage de la Palestine élaboré par l’UNSCOP, fut adopté par l’Assemblée générale de l’ONU, qui ne comptait alors que 57 pays membres.

Le soir même, tandis que les Juifs d’Israël et les Juifs sionistes partout dans le monde dansèrent fous de joie, les Palestiniens et l’ensemble du monde arabe (musulman et chrétien) s’opposèrent immédiatement, inconditionnellement et violemment à sa mise en place.

Pour les sionistes l’adoption de la résolution 181, l’adoption du plan de partage à l’ONU, le 29 octobre 1947, un jour de shabbat, fut une divine surprise, elle tient en effet d’un heureux concours de circonstances tout à fait inédit.

Pour le monde musulman le vote de cette résolution fut considéré quasi unanimement comme précipité et illégitime, et pour le monde arabe le vote de cette résolution fut ressenti comme un affront, l’humiliation de trop.

Les Britanniques avaient fixé au 15 mai 1948 la date de la fin de leur mandat sur la Palestine. La déclaration par Israël de son indépendance la veille, le 14 mai, fut reçue par les pays Arabes limitrophes comme une déclaration de guerre. Cinq armées arabes envahirent ce nouvel État le soir même, bien décidées à l’effacer de la carte du Moyen-Orient.

Israël faillit disparaître le jour même de sa création, il lui fallut payer un très lourd tribut pour avoir le droit de naître : 1% de la population totale du pays nouveau-né perdit la vie dans la première guerre existentielle qu’il dut affronter.

Depuis le jour de son indépendance, Israël, n’a jamais cessé d’être en guerre, son existence étant menacée en permanence, tant de l’extérieur proche que de l’intérieur.

Après que le président Donald TRUMP eut reconnu le 6 décembre 2017 Jérusalem capitale d’Israël, et plus encore après la signature en 2020 à Washington des Accords d’Abraham, les dirigeants israéliens en général, et le premier ministre Benyamin NÉTANYAHOU en particulier, pouvaient croire que la guerre d’usure et d’empiétement qu’ils menaient contre les Palestiniens était en voie de totale réussite.

Malgré la crise israélo-palestinienne de 2021, le gouvernement NÉTANYAHOU ne voyait absolument pas pourquoi changer une politique qui avait tant servi ses intérêts personnels et ses objectifs politiques.

Depuis le 7 octobre tous les Israéliens savent pourquoi il aurait fallu changer de politique. Ils ont compris  que leurs dirigeants, en toute inconséquence, délibérément, les ont conduits dans une grave impasse politique et militaire.

À l’image de leur gouvernement actuel, les Israéliens ont eu la faiblesse de croire que, grâce à la puissance de leurs forces armées, et grâce à la protection sans faille des États-Unis, ils pourraient continuer à imposer seuls les conditions de leur présence au Moyen-Orient.

De nombreux anciens amis inconditionnels d’Israël, veulent aujourd’hui retenir le bras vengeur de Tsahal, de peur que sa riposte militaire inconsidérée ne conduise à une énorme catastrophe, en Israël, en Palestine, et dans les pays européens où cohabitent de fortes populations juives et musulmanes.

Ils pleurent les accords d’Oslo de 1993, qu’ils ont été si peu à avoir soutenus, et plaident aujourd’hui pour une solution de paix à deux États.

Depuis 1948, les Palestiniens n’ont cessé d’être spoliés, déplacés, instrumentalisés, manipulés, et trahis. Comment imaginer qu’ils pourraient croire, une fois encore, à de belles promesses lointaines.

En décembre 2023, rechercher une solution de paix à deux États n’est assurément, ni la préoccupation principale des Palestiniens qui fuient les bombardements israéliens, ni celle des Israéliens qui cherchent à tout prix à récupérer leurs otages, vivants ou morts.

Mais, malgré les horreurs, ou plus exactement à cause des horreurs commises par le Hamas, les responsables politiques israéliens et leurs amis occidentaux doivent impérativement apporter d’urgence aux Palestiniens de sérieuses raisons de pouvoir croire à la paix. C’est l’intérêt bien compris des Israéliens et des Occidentaux.

L’existence d’Israël de plus en plus menacée ?

On estime qu’il n’y avait que 55 000 juifs et 560 000 Arabes vivant en Palestine en 1918. L’accord conclu en août 1933 entre l’Agence juive pour la Palestine et le régime nazi a permis, de 1933 à 1939, à 53 000 juifs d’Allemagne de rejoindre la Palestine. En 1948, à la veille de la partition de la Palestine, on comptait 650 000 Juifs et 1 300 000 Arabes

Ainsi en 30 ans, tandis que la population arabe a un peu plus que doublé, le nombre de Juifs en Palestine a été multiplié par près 12.

Tous ceux qui au Moyen-Orient ont été, et sont souvent restés longtemps, des admirateurs d’Adolphe HITLER, à l’image du grand mufti de Jérusalem, ont prouvé qu’ils étaient d’indéniables antisémites, mais ils ont aussi et surtout montré qu’ils étaient des antisionistes inconséquents.

En effet, ce n’est nullement insulter la mémoire des millions de Juifs tués à cause de la barbarie nazie, que de souligner le rôle déterminant qu’eurent HITLER et la Shoah dans la création d’Israël.

1° L’augmentation importante de la population juive de la Palestine n’a malheureusement pu avoir lieu qu’en raison de l’avènement du nazisme.

2° En octobre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies n’a bien évidemment voté, sans réserves [33 pour, 13 contre, et 10 abstentions], le plan de partage de la Palestine, alors qu’elle ne comptait que 57 états membres [en 2023 on compte 193 États membres], qu’en raison de l’énorme émotion due au procès de Nuremberg [19451946].

Les historiens fixent le plus souvent le début de la Guerre froide au 12 mars 1947 et sa fin au 25 décembre 1991. Le Blocus de Berlin a commencé le 24 juin 1948 et pris fin le 12 mai 1949. L’URSS a testé sa première bombe nucléaire le 29 août 1949.

Les historiens israéliens s’accordent à penser que la résolution n°181 n’aurait probablement pas pu être adoptée si elle avait été proposée à l’assemblée générale de l’ONU, après juin 1948, après mai 1949, et plus encore après le 1er décembre 1952, après que  Joseph STALINE eut déclaré au Politburo : « Tout sioniste est l’agent du service de renseignement américain. Les nationalistes juifs pensent que leur nation a été sauvée par les États-Unis, là où ils peuvent devenir riches, bourgeois. Ils pensent qu’ils ont une dette envers les Américains. Or parmi mes médecins, il y a beaucoup de sionistes. »

Ironie de l’Histoire, c’est à STALINE que le futur État d’Israël doit 3 des 33 votes qui ont permis l’adoption de la résolution n°181. Il exigea en effet de l’ONU qu’elle reconnaisse dès 1945 une République socialiste soviétique de Biélorussie, et une République socialiste soviétique d’Ukraine, comme États membres indépendants de l’U.R.S.S.

Le sionisme a un père, Theodor HERZL (18601904), qui n’est pas né dans l’Empire russe, mais c’est dans l’Empire russe que l’idéal sioniste moderne a vraiment pris son envol.

Les racines russes d’Israël sont notables. Shmoulik EVIATAR, ancien agent du Mossad n’hésite pas à déclarer qu’ “Israël a été créé par des Juifs russes pour des Juifs russes.”

Aujourd’hui associer sionisme et Palestine géographique est une évidence. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dès l’origine du sionisme, il y a eu un sionisme territorialiste qui voulait bien sûr une terre pour les Juifs mais pas forcément en Palestine.

L’avènement du communisme fut l’occasion pour un petit nombre de Juifs d’URSS d’accéder à de très hautes responsabilités politiques, ce qui fit que l’antisémitisme en Union soviétique ne fut souvent en rien inférieur à celui qui existait dans l’Empire russe. Ce fut notamment le cas en Ukraine, où les Juifs furent accusés d’avoir affamé la population, et le restent parfois encore.

Le 7 mai 1934, pour complaire aux Juifs « sionistes », STALINE alla jusqu’à créer dans l’Union soviétique un oblast autonome juif  ayant le yiddish comme langue officielle. Il fut ainsi le premier à pouvoir se vanter d’avoir offert à un peuple sans terre une terre sans peuple.

La construction nationale israélienne par le mouvement sioniste s’est appuyée sur un récit fondateur faisant des populations juives un peuple uni par une même origine et ayant une histoire nationale commune remontant à la terre d’Israël.

Paradoxalement, c’est en Europe de l’Est, là où le récit sioniste national juif fut le plus mythique et le moins fondé, qu’il reçut le meilleur accueil, et qu’il réussit à convaincre le plus de militants à émigrer en Palestine sans attendre.

La première colonie juive en terre de Sion, Rishon LeZion, fut ainsi fondée par des immigrants russes originaires de Kharkov (aujourd’hui en Ukraine) dès 1882.

En lisant, l’introduction du discours prononcé par le chef des Sionistes de Russie, prononcé au Congrès sioniste de Pétrograd en juin 1917, on mesure combien à l’heure de la révolution bolchevique, le mouvement sioniste était dynamique en Russie.

Si les 140 000 sionistes organisés russes représentés à Pétrograd par les 540 délégués du congrès, avaient tous émigré, comme ils l’envisageaient, le pourcentage de Juifs présents en Palestine aurait plus que doublé en 5 ans. En 1922, on ne comptait en effet que 84 000 Juifs, soit 11,2% de la population. L’arrivée de 140 000 Russes aurait fait passer ce pourcentage à 25,1%.

L’engouement exceptionnel des Russes juifs pour le mouvement sioniste s’explique par les conditions particulières dans lesquelles ils ont été contraints de vivre pendant des siècles en Russie, les pires probablement de toute l’Europe, sans espoir de voir, jusqu’à la révolution d’octobre, leur statut changer.

Au XXIe siècle, il semble aussi hasardeux pour tous les Juifs de dire nos ancêtres les Juifs de Palestine, que pour tous les Français de dire nos ancêtres les Gaulois.

Les historiens français savent que c’est Napoléon III et la Troisième République qui ont tenu à répandre ce mythe généalogique fondateur de la nation française. Tous les États nations créés au XIXe siècles ont construit leur roman national, écrit pour justifier leur existence et leurs frontières.

Les nationalistes sionistes du XIXe, qui voulaient créer, eux-aussi, leur État-nation ont bâti, comme tous les nationalistes, le récit national du peuple juif, un peuple fait de Juifs errants depuis des siècles.

Selon le récit sioniste, les ancêtres des juifs seraient arrivés en Europe en provenance de la Palestine et de son voisinage vers le Ier siècle de notre ère, après la destruction de Jérusalem et de son Second temple par l’armée romaine de Titus (en 70).

Sur le site de l’ambassade d’Israël en France, c’est bien évidemment ce récit qu’on trouve. Dans un article célébrant l’anniversaire de la création de l’État d’Israël, intitulé « La communauté internationale dit OUI », et sous-titré « La renaissance d’une nation » on peut lire : « Le 29 novembre 1947, un rêve vieux de 2000 ans devint une réalité : un État juif naquit sur sa terre natale ancestrale».

Nul doute que la Palestine fut la terre ancestrale du judaïsme il y a plus de 2000 ans, mais nul doute non plus qu’elle fut aussi la terre ancestrale du christianisme il y a précisément 2000 ans, et enfin, nul doute que la Palestine fut aussi une « terre ancestrale » de l’islam depuis qu’il en a fait la conquête, il y a quelques 1400 ans.

Conscients qu’on ne peut partager ce qui est unique et donc indivisible, les rédacteurs de la résolution 181, prirent soin d’extraire du plan de partage de la Palestine la ville de Jérusalem et de ses environs proches, le cœur de la terre ancestrale revendiquée par les tenants des trois monothéismes, pour créer un corpus separatum. Cette internationalisation des lieux saints prévue dans la résolution ne put malheureusement jamais être appliqué.

Le 10 juin 1967, à l’issue de la guerre des Six-Jours, Jérusalem, divisée entre Israéliens et Jordaniens depuis 1949, s’est trouvée de facto réunifiée. Depuis cette date, le principe même d’un corpus separatum pour Jérusalem a disparu des esprits.

La résolution 242, adoptée le 22 novembre 1967 par l’assemblée générale des Nations unies, prévoyait le retrait d’Israël des « territoires occupés » (le Sinaï, Gaza, la Cis-jordanie, et le plateau du Golan), en échange de la reconnaissance de tous les États arabes de la région, mais n’évoquait aucune internationalisation éventuelle des lieux saints.

Après 1967, après la foudroyante victoire militaire qu’ils ont obtenue en pleine Guerre froide, contre une coalition de pays arabes soutenus par l’URSS, les Israéliens ont bénéficié d’un soutien quasi inconditionnel des pays Occidentaux. Cela a eu un effet pervers, car cela leur a fait presque totalement oublier les origines de leurs différends avec leurs voisins arabes.

De façon très regrettable, pour Israël et pour la paix au Moyen-Orient, non seulement peu d’Occidentaux ont osé réfuter les arguments avancés par les Israéliens tenants d’un Grand Israël, mais certains ont justifié pour des raisons religieuses, par avance, toutes les annexions effectuées en Cisjordanie. Paradoxalement il y a aujourd’hui aux États-Unis plus de sionistes partisans du Grand Israël parmi les évangélistes, que parmi les Juifs.

Trop d’Européens ont cru naïvement pouvoir réparer les injustices qu’ils ont fait subir aux Juifs pendant des siècles et pouvoir se faire pardonner les crimes de la Shoah en accréditant sans réserve le roman national des sionistes les plus intransigeants. Ils croyaient ainsi faire au mieux pour sauvegarder l’existence d’Israël. Les plus lucides mesurent aujourd’hui combien leur soutien aveugle était une pure folie. Les amis d’Israël ont oublié qu’un bon ami n’est pas celui qui vous accompagne dans vos erreurs, mais celui qui vous empêche de les commettre.

Le lendemain de l’attaque du Hamas, aucun fidèle ami d’Israël ne pouvait imaginer que les horreurs commises par les terroristes ne seraient ni immédiatement ni massivement condamnées par la communauté internationale.

Le mardi 12 décembre, l’Assemblée générale de l‘ONU a réclamé à une écrasante majorité « un cessez-le-feu humanitaire immédiat«  à Gaza. La résolution a été adoptée par 153 voix pour (dont la Chine, la France et la Russie, 10 contre (dont Israël et les États-Unis), et 23 abstentions (dont le Royaume-Uni) sur 193 États membres. L’amendement américain voulant ajouter une condamnation des « attaques terroristes abominables du Hamas«  du 7 octobre a, lui, été rejeté.

Une fois encore, Israël a échappé à la sanction de l’ONU grâce au veto des États-Unis

Pour relancer d’urgence un improbable processus de paix israélo-palestinien, les dirigeants Européens, qui mesurent enfin que la politique de Benjamin NÉTANYAHOU a conduit Israël et les États-Unis dans une impasse, reviennent, avec l’énergie du désespoir à la solution à deux États, qui propose la création de deux États distincts dans la région géographique de Palestine, l’un arabe et l’autre juif. Elle s’oppose à la solution à un seul État, dit « État binational », dans lequel vivraient Israéliens et Palestiniens.

Le 25 octobre, le président BIDEN a déclaré qu’il était impossible qu’Israël revienne au statu-quo, qui prévalait avant la guerre, après le conflit avec le Hamas, et que lorsque ce dernier serait terminé (???) l’État juif devrait travailler sur la base d’une solution à deux États avec les Palestiniens.

En d’autres termes, les Européens et les États-Unis prétendent imposer en 2023 un plan de partage de la Palestine géographique, à l’heure où les colons israéliens ont réussi à le rendre pratiquement impossible.

La résolution 181 adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, en 1947, recommandait le partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe : 14 000 kilomètres carrés, avec 558 000 Juifs et 405.000 Arabes pour l’État juif, soit 68,7 habitants au kilomètre carré, et 11.500 kilomètres carrés, avec 804.000 Arabes et 10 000 Juifs pour l’État arabe, soit 70,8 habitants au kilomètre carré.

La résolution 181 faisait aussi une recommandation essentielle, la création pour les Lieux saints d’un « corpus separatum » de 100 kilomètres carrés avec 106 000 Arabes et 100 000 Juifs, soit 2 060 habitants au kilomètre carré.

Entre les deux États et le « corpus separatum », une union économique, monétaire et douanière était prévue.

Du plan de partage de 1947 aux frontières d’Israël en 1949

Plan de partage adopté par l’assemblée générale des Nations-Unies en 1947

Du plan de partage de 1947 aux frontières d’Israël en juin 1948

Du plan de partage de 1947 aux frontières d’Israël en janvier 1949

Depuis 2 mois et demi la guerre des mémoires s’exacerbe entre les amis d’Israël et les amis de la Palestine.

Les Israéliens et les Palestiniens s’accusent réciproquement, avec de multiples références historiques, d’être les seuls responsables de la gravissime situation conflictuelle actuelle.

Les Juifs accusent les armées arabes d’avoir commencé à les attaquer le 15 mai 1948, et les Arabes accusent les Juifs d’avoir commencé à les chasser de chez eux dès le 30 novembre 1947.

En 1947, aucun des 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies ne vit de motif sérieux pour s’opposer à son adoption en usant de son droit de veto. Bien que les 10 pays musulmans (Afghanistan, Égypte, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Arabie Saoudite, Syrie, Turquie, Yémen) aient tous voté contre le plan de partage, même STALINE vit alors à la naissance de l’État d’Israël plus d’avantages que d’inconvénients. En janvier 2023, le journaliste et historien, Dominique VIDAL, a longuement expliqué pourquoi l’URSS soutint le jeune Israël de 1947 à 1951.

Curieusement, les rédacteurs du plan de partage de la Palestine qui a été adopté par l’ONU, apparaissent toujours innocents du drame qui dure au Moyen-Orient depuis plus de 75 ans, comme si aucun reproche ne pouvait leur être adressé.

L’UNSCOP, la commission mise sur pied par l’Assemblée générale des Nations-Unies en 1947, en prévision de la remise de son mandat sur la Palestine par le Royaume-Uni, le 15 mai 1948, fut composée de 11 pays (Australie, Canada, Guatemala, Inde, Iran, Pays-Bas, Pérou, Suède, Tchécoslovaquie, Uruguay, Yougoslavie), soit un seul pays musulman, l’Iran, et aucun pays arabe.

Est-ce dans un souci de neutralité, que le norvégien Trygve LIE, premier secrétaire des Nations-Unies de 1946 à 1952, avait tenu à ce qu’aucune des grandes puissances de l’époque ne fut représentée à l’UNSCOP ?

Toul le monde peut vérifier aisément aujourd’hui que non, car loin d’être partisan de la neutralité, le premier secrétaire général des Nations unies, fut un partisan « passionné » des sionistes au point d’agir comme un informateur à leur service : La Norvège, Oslo et les Palestiniens : une histoire pourrie.

Le plan de partage a volé en éclats le soir même de son adoption parce que, tel qu’il avait été rédigé, il était inconséquent et irréaliste. En 1947, il n’était en effet acceptable sans réserve, ni pour les premiers concernés, les Juifs et les Arabes de Palestine, ni pour aucun des pays arabo-musulman du Moyen-Orient.

Après les multiples crimes ethniques liés à la fin de l’Empire Ottoman et ceux liés à la Seconde Guerre mondiale, personne d’averti et de sensé ne pouvait avoir la naïveté de croire qu’après le départ des 100 000 soldats britanniques, les Arabes (1 309 000) et les Juifs (668 000) de Palestine arriveraient à suivre, sans heurts, les recommandations de la résolution n°181.

Le plan de partage de la Palestine élaboré par l’UNSCOP, ne fut donc adopté largement par l’Assemblée générale de l’ONU, en novembre 1947, non pas en raison de sa pertinence, ni encore moins de son excellence, mais à cause de sa simple existence.

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, pour une très large majorité des États membres de l’ONU, les Juifs du monde entier devaient acquérir rapidement le droit légitime international de créer en Palestine leur État.

Les 33 États membres de l’ONU qui ont voté la résolution n°181 ne l’ont fait que pour offrir enfin à Israël une chance d’exister. Bien évidemment, aucun n’imaginait qu’en votant ainsi il mettait pour longtemps le feu au Moyen-Orient.

Israël et les États-Unis à la croisée des chemins.

Premier ministre de 1996 à 1999, de 2009 à 2021 et de nouveau à partir de 2022, Benjamin NETANYAHU, faisant fi de toutes les résolutions des Nations-Unies, n’a cessé d’autoriser et de favoriser la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie.

Malgré les observations de plus en plus pressantes des États-Unis, son principal et vital protecteur, Israël, poursuit sa politique dans la même direction depuis près de 30 ans.

Lors d’une conférence de presse le samedi 16 décembre, le Premier ministre israélien, Benjamin NETANYAHU, s’est félicité de ne pas avoir « cédé à la pression internationale et permis la création » d’un État palestinien, et d’ajouter : « Tout le monde sait ce qui aurait pu se passer si nous avions cédé à la pression internationale et permis la création d’un tel État en Judée et en Samarie, autour de Jérusalem et à la périphérie de Tel-Aviv ».

L’éditorialiste américain Thomas FRIEDMAN avait dénoncé dès 2010 la folie de cette politique, pour Israël et pour les États-Unis.

Alors que Joe BIDEN, qui était à l’époque vice-président, se rendait en Israël et que Benyamin NETANYAHOU avait annoncé la construction de nouvelles colonies, l’éditorialiste américain, très représentatif d’une grande partie de la communauté juive américaine qui prend ses distances avec Israël, et avec les gouvernements israéliens, invita le vice-président à faire demi-tour, pour protester contre cette décision dangereuse.

FRIEDMAN, dont une des idées forces est que chaque pays doit sacrifier une partie de sa souveraineté au bénéfice d’institutions internationales, mit en garde les dirigeants des États-Unis : « Quand on est un ami [d’Israël], on lui doit la vérité. Si vous voyez un ami qui veut conduire en état d’ivresse, vous prenez les clés de sa voiture, vous ne le laissez pas rentrer chez lui. NETANYAHOU est en état d’ivresse, il conduit géopolitiquement en état d’ivresse, il faut lui prendre les clés et l’empêcher de faire ce qu’il veut. »

Le 29 octobre 1947, près de 58% des États membres de l’ONU avaient soutenu une résolution favorable à la création d’Israël, et seulement un peu moins de 23% des États membres avaient voté contre.

Le 12 octobre 2023, seuls 5% des États membres de l’ONU ont voté avec Israël et les États-Unis contre une résolution exigeant qu’Israël respecte une trêve à Gaza, et plus de 79% des États membres ont voté pour, dont la Chine, la France et la Russie, obligeant les États-Unis à faire valoir leur droit de veto.

L’attaque du Hamas, la riposte du gouvernement de NETANYAHOU, et le vote des Nations-Unies du 12 octobre, placent les États-Unis, indéfectibles amis d’Israël, dans une situation inextricable.

Que les États-Unis (340 millions d’habitants) et Israël (9 millions d’habitants) n’aient pu trouver que l’Autriche (9 millions d’habitants), la République tchèque (10 millions d’habitants), le Guatemala (5 millions d’habitants), le Liberia (5 millions d’habitants), la Micronésie (110 mille habitants), Nauru (10 mille habitants), la Papouasie-Nouvelle Guinée (10 millions d’habitants), et le Paraguay (7 millions d’habitants), pour voter avec eux, montrent que les Américains et les Israéliens n’ont jamais été aussi isolés au niveau international. Les 10 États membres de l’ONU qui ont voté contre la résolution des Nations-Unies le 12 octobre représentent 5% des États et aussi 5% des 8 milliards d’habitants de la terre.

Les Occidentaux qui affirment soutenir de façon inconditionnelle les gouvernements Israéliens sont, soit aveugles, soit sournois. Soit, vrais amis d’Israël ils sont incapables de voir que le sionisme actuel dévoyé des Israéliens conduit l’État juif à sa perte, soit, faux amis d’Israël ils tiennent à laisser perfidement l’État juif se fourvoyer, espérant qu’il court à sa perte.

La création d’Israël a embrasé le Moyen-Orient. Souhaiter la disparition d’Israël c’est vouloir l’embrasement de la planète. Soutenir les militants et les terroristes du Hamas sans réserve, les laisser accroire qu’ils pourront effacer Israël de la carte du Moyen-Orient est criminel et inconséquent. Croire aider Israël en refusant de condamner les agissements et la politique de NETANYAHOU, c’est être sans cœur, et surtout sans cerveau.

Comme tous les enfants gâtés, le premier ministre israélien ne cesse de défier les États-Unis. Il a plusieurs fois déclaré publiquement que les Américains n’oseraient jamais l’obliger à faire ce qu’il ne veut pas faire. Il se croit intouchable, sûr de la puissance du lobby pro-israélien aux États-Unis.

Mais Outre-Atlantique, comme dans presque tous les pays de la planète, les soutiens inconditionnels à l’État d’Israël diminuent de plus en plus, pour des raisons économiques, politiques et surtout culturelles.

Ainsi, dans les campus universitaires où le wokisme et le racialisme ont imposé leurs lois, les Palestiniens reçoivent le soutien de la majorité des étudiants, tandis que les Juifs, israéliens, ou non, sont accusés pour des crimes dont ils sont le plus souvent personnellement innocents.

Les non-juifs ont été longtemps quasiment tous persuadés que les Juifs étaient naturellement massivement sionistes. Les Israéliens n’ont bien sûr rien fait pour les en dissuader. Les non-juifs découvrent souvent qu’il existe un non-sionisme et un antisionisme, par le plus grand des hasards.

Depuis le 7 octobre, les non-sionistes et les antisionistes ont envahi en force les réseaux sociaux. On a appris ainsi avec étonnement que L’Organisation internationale des Juifs contre le sionisme « prie Dieu pour que la Palestine retrouve sa liberté ».

« le sionisme est une idéologie qui n’a rien à voir avec le judaïsme, qui est une religion. »

Aujourd’hui, l’antisionisme en Israël est représenté par un courant juif ultra-orthodoxe minoritaire dit haredim, un courant laïque d’extrême gauche et un courant politique d’arabes israéliens. Il y a aussi des juifs ultraorthodoxes qui haïssent Israël.

Plus grave encore pour les sionistes, le récit national qu’ils ont construit est sérieusement écorné par des historiens israéliens : Comment le peuple juif fut inventé.

Le 27 novembre, alors que le monde entier retenait son souffle pendant la trêve à Gaza qui devait permettre des libérations d’otages, Rony BRAUMAN, Henri GUAINO, Georges MALBRUNOT, et Paul JORION, débattaient de l’immense complexité du conflit israélo-palestinien : « Le monde au bord de la bascule ? »

Ils sont convenus que ce conflit ne pouvait que s’étendre et dégénérer, si Israël continuait à camper sur les positions intransigeantes de NETANYAHOU.

Les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, s’accordent désormais tous les 5 à penser que la solution du problème palestinien passe impérativement par une solution à deux États.

Si donc, par miracle, un plan de partage modèle XXIe siècle pouvait se dessiner, aucun membre permanent ne devrait menacer de faire valoir son droit de veto.

Le problème central est qu’aucun plan de partage crédible ne peut être sérieusement envisagé aujourd’hui, ni par la partie israélienne ni par la partie palestinienne.

Telle qu’est la répartition des populations en Israël aujourd’hui, comme en 1947, le plan de partage obligera forcément des Juifs à vivre dans un éventuel État palestinien. À l’heure actuelle cela semble difficile, mais ce n’est pas impossible.

Parmi toutes les informations qui viennent d’Israël, il en est une qui n’a pas assez été relayée. Un sondage effectué début décembre montre que : 47% des Arabes israéliens soutiennent la riposte de Tsahal à Gaza.

Si la solution à deux États est la seule viable pour espérer ramener la paix au Moyen-Orient, elle ne peut se mettre en place que très progressivement, par étapes, au même rythme que les plans de désarmement vraiment réussis.

Pour que Juifs et Arabes acceptent de cohabiter il faut qu’ils aient recouvré un minimum de confiance réciproque.

En ce moment, à cause des ignominies commises par le Hamas, les Israéliens ne peuvent faire aucune confiance aux Palestiniens, de même les Palestiniens, notamment ceux qui essayent de survivre à Gaza, ne peuvent faire aucune confiance aux Israéliens.

Pour que les Palestiniens puissent commencer à croire à la bonne volonté des Israéliens, il faut qu’ils en aient reçu une vraie preuve tangible.

Quels gestes les Israéliens devraient-ils faire pour apporter aux Palestiniens la preuve qu’ils peuvent les croire sur parole ?

Premièrement, ils devraient interdire immédiatement la création de toute nouvelle colonie en Cisjordanie.

Cette mesure primordiale est malheureusement, bien évidemment, loin d’être suffisante. Il faut que les Israéliens fassent aussi d’urgence une proposition qui ne puisse en aucun cas faire dissensus au niveau international.

Depuis 1947, les Israéliens expliquent que ce sont les Arabes qui ont refusé le plan de partage prévu par la résolution n°181 adoptée par l’ONU. Si l’on entend bien les Israéliens, en 1947, les Juifs auraient donc été prêts à accepter le plan de partage proposé, dans son entièreté.

En raison de la Guerre froide, des tensions incessantes avec les pays arabes, et des succès militaires d’Israël, le « corpus separatum » prévu par le plan de partage, a été regrettablement évacué, oublié, jugé inopportun, voire conflictuel.

En 2023, le « corpus separatum » tel qu’il était proposé en 1947 est inenvisageable, mais le principe d’internationalisation des lieux saints n’a probablement jamais été aussi judicieux.

En Israël, les nationalistes religieux du Troisième Temple de Jérusalem affichent de façon de plus en plus provocatrice leur volonté de reconstruire un édifice détruit il y a près de 2000 ans, par les Romains en 70 de notre ère, ce qui impliquerait la démolition de la plus grande mosquée de Palestine, la mosquée al-Aqsa.

Avec la bienveillance coupable du gouvernement de NETANYAHOU, les militants du Troisième Temple de Jérusalem gagnent du terrain. Les Israéliens qui ne s’opposent pas farouchement au développement d’un tel projet sont totalement inconscients des conséquences tragiques évidentes de ce qu’ils laissent faire.

Car, si par malheur la destruction de la mosquée al-Aqsa était entamée, pour construire sur ses ruines le Troisième temple de Jérusalem, tous les dirigeants des pays musulmans seraient obligés de rompre instantanément et définitivement toute relation diplomatique et économique avec Israël. Ce qui ne manquerait pas de mettre immédiatement gravement en danger, partout dans le monde, la vie de tous les Juifs, sionistes ou non.

Même si Israël arrêtait promptement cette folie, et revenait à la raison, cet acte sacrilège islamophobe perpétré contre un des monuments les plus sacrés de l’Islam, condamnerait l’État juif à l’isolement et au bannissement, et ferait disparaître tout espoir de paix en Palestine.

Les pays qui se sont montrés jusque-là parmi ses plus fidèles alliés, seraient eux aussi contraints de prendre leurs distances avec Israël, un État devenu infréquentable, irrespectueux de la diversité religieuse et du patrimoine de l’humanité

Dans le monde en général, et au Moyen-Orient en particulier, le temps ne joue pour Israël, ni diplomatiquement, ni démographiquement.

Les Israéliens et leurs alliés américains ne peuvent rester longtemps aussi isolés qu’ils le sont actuellement. Israël et les États-Unis doivent donc impérativement recouvrer de solides et nombreuses alliances.

« On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés. »

Avec l’arrivée au pouvoir de Benjamin NETANYAOU en 1996, à la suite de la mort de Yitzhak RABIN, les Israéliens ont confié leur sort à un pompier pyromane.

The Times of Israël a titré le 8 octobre 2023 dans sa version en français : Pendant des années, NETANYAHU a soutenu le Hamas. Aujourd’hui, on en paie le prix.

Le 20 octobre sur Europe 1, Jacques ATTALI a déclaré: «Benjamin NETANYAHU est l’un des pires ennemis de la survie de l’État d’Israël ».

Dans une vidéo mise en ligne en janvier 2019, Jean-Pierre FILIU avait averti que le premier ministre israélien conduisait tout droit Israël à sa perte : NETANYAHOU : La fin du rêve sioniste.

En 2017, après Nicolas SARKOZY, le président François HOLLANDE avait pu vérifier, déjà, que le premier ministre israélien avait un sérieux problème avec le réel, la vérité, et les usages diplomatiques : La dernière gifle de Benyamin NÉTANYAHOU à François HOLLANDE.

Tous les dirigeants qui ont refusé pendant des années de voir et de dire ce qu’ils voyaient, par amitié pour Israël, ont rendu à leur « ami » un bien mauvais service. Croyant préserver la paix par leur silence, ils ont rendu la résolution du conflit israélo-palestinien plus inextricable que jamais.

Syrie, Yémen, Ukraine,  et toujours Israël , …, l’accumulation des tensions et des conflits dans le monde devient de plus en plus inquiétante.

Alors que deux pensées : « On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés » et «on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré », attribuées toutes les deux à Albert EINSTEIN, ne devraient jamais les quitter, les responsables politiques sont toujours aussi nombreux à essayer d’éteindre des incendies avec leurs incendiaires.

La communauté internationale presque unanime veut un cessez le feu à Gaza et la solution à deux États. Le premier ministre Benjamin NETANYAOU est explicitement et farouchement opposé à l’un et à l’autre, entêté à « gagner » la paix en gagnant la guerre, convaincu que ses ennemis palestiniens et ses amis américains : « ne comprennent que la force ».

La crise palestinienne ne peut être résolue ni avec le gouvernement israélien actuel ni avec le Hamas. Il faut donc tout faire pour écarter le plus vite possible ces faiseurs de guerre du pouvoir. La tâche est immense. Il faut donc s’y atteler dès maintenant, et se partager le travail.

Il revient ainsi aux Occidentaux de favoriser le départ de NETANYAOU. Par chance Israël est une démocratie. Ce qui signifie qu’une force politique capable de proposer une alternative vraiment crédible doit pouvoir facilement émerger et gagner les élections.

Pour faire naître ce mouvement alternatif, il appartient aux Occidentaux, de proposer à la classe politique israélienne un plan de paix ayant toutes les chances de recueillir un très large consensus.

Depuis 1967, depuis que Jérusalem et ses alentours sont passés entièrement sous le contrôle de l’armée israélienne, l’expression « corpus separatum » est devenue en Occident une incongruité, voire une monstruosité. C’est fort regrettable, car plus le temps passe plus il apparaît que sans une certaine forme d’internationalisation des lieux saints, il n’y a aucune chance que les Palestiniens et les Israéliens puissent arriver à vivre pacifiquement face à face, et encore moins côte à côte.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Français ne comptent plus les incongruités qui sont devenues des réalités. Tous ceux qui ont crû, de bonne foi, pouvoir régler le problème de l’indépendance de l’Algérie par la force, en gardent un amer et triste souvenir. Quel gâchis !

L’internationalisation des lieux saints ne signifie bien évidemment pas l’arrivée sur le sol israélien de casques bleus de l’ONU.

Le siège de l’ONU, est un siège on ne peut plus international, sur le territoire des États-Unis, qui permettent le libre accès et garantissent la sécurité des représentants officiels de tous les 193 États membres de l’organisation.

En raison des résolutions en cascades votées contre Israël à l’ONU, une éventuelle internationalisation des lieux saints ne peut être confiée qu’à un groupe d’États reconnaissant tous à l’« État des Juifs » le droit d’exister, et s’engageant à garantir sa sécurité dans le temps et dans l’espace.

Quelques dizaines de kilomètres carrés avec en son sein Jérusalem, devraient pouvoir bénéficier, comme l’ONU, l’OTAN, Rome hors-Vatican, et l’ordre souverain de Malte, d’une forme particulière d’extraterritorialité compatible avec la sécurité d’Israël.

On pouvait lire dans Le Monde, daté du 28 août 1954 :

En réalité Israël n’est pas opposé à l’internationalisation littérale des lieux saints. Ceux-ci en effet sont presque tous enclos dans la vieille ville, c’est-à-dire en zone jordanienne. L’internationalisation des lieux du culte non seulement ne nuirait pas à l’État juif, mais encore l’avantagerait, puisqu’elle priverait du même coup l’adversaire jordanien du contrôle sur la Ville sainte. C’est pourquoi plus d’une fois Israël a proposé l’examen de la neutralisation des lieux saints, sans adjonction de territoire adjacent.

Mais les nations occidentales se sont jusqu’à présent refusées à admettre ce point de vue. L’internationalisation de Jérusalem doit comprendre un corpus separatum incluant les quartiers modernes de la Ville sainte.

Cette thèse est dictée par la peur de mécontenter une nation arabe. Si l’on prend en effet un territoire contrôlé par les Jordaniens pour constituer une zone Internationale, il faut compenser cette amputation en amputant simultanément le territoire contrôlé par Israël.

En d’autres termes, le problème de l’Internationalisation a depuis longtemps cessé d’être une question relevant de la foi et du sentiment religieux pour retomber, comme beaucoup d’autres, sur le terrain plus aride et plus disputé de la simple politique.

1954, comme le temps passe !

Il n’y a pas de temps à perdre. Si, comme les auteurs de ces lignes vous êtes convaincus qu’un espoir de paix passe par une solution à deux États, qui elle-même passe nécessairement par une internationalisation préalable des lieux saints, faites le savoir immédiatement Urbi et Orbi.

Depuis 1954, le Vatican a fini par se lasser de réclamer la création d’un « corpus separatum » autour de Jérusalem. Nul doute que si cette proposition refaisait surface les catholiques du monde entier se feraient une joie et un devoir de soutenir ce projet. Il en serait de même pour les tenants des Églises orthodoxes et arméniennes. De nombreux pays arabes et musulmans ne manqueraient pas alors de choisir Israël contre le Hamas

Comme disait sœur Emmanuelle : « Yallah » – En avant !

Dans tous les articles le principe des liens hypertexte est utilisé. En cliquant sur les mots, ou les groupes de mots, en bleu pâle, on a accès directement à l’article ou à la vidéo ayant un rapport  avec le ou les mots.

EXEMPLE : Le 10 juin 1967, à l’issue de la guerre des Six-Jours, d’un corpus separatum pour Jérusalem …. ainsi de suite …

[Le 26 décembre 2023, 17 H45, P. B, Claret] :  Merci beaucoup pour cet article très intéressant qui se conclut par une proposition malheureusement peu mise en avant dans les décennies précédentes.  Mais a t’elle encore une chance d’être reprise après le fossé créé depuis le 7 octobre ? Il faudrait sans doute qu’elle émane simultanément de toutes les religions qui sont concernées par Jérusalem.    Amitiés. 

[Le 26 décembre 2023, 13 H10, ICEO, Montpellier] : Malgré lectures et relectures, restent quelques fautes d’orthographe.  Merci à tous ceux qui nous font l’obligeance de nous signaler les fautes qu’ils ont remarquées. Merci au lecteur qui vient de nous faire part de huit corrections supplémentaires à effectuer.  Et bien sûr, FÉLICITATIONS et  un IMMENSE MERCI aux premiers correcteurs qui n’avaient laissé passer que si peu de fautes dans un article aussi long.

[Le 24 décembre 2023, 15 H10, J-C G, Montpellier] : J’ai lu attentivement ce texte, passionnant et fort bienvenu en ces temps où la violence semble être le seul mode de  » dialogue « , mais j’ai aussi relevé quelques fautes que je vous signale. Je ne prétends pas être exhaustif, mais voilà quelques corrections nécessaires à ce texte excellent sur le fond…et c’est bien l’essentiel. Amicalement.

[Le 24 décembre 2023, 14 H10, A. S., Rennes] : Avant l’arrivée du pouvoir du Hamas à Gaza en 2007, il y avait 7 000 chrétiens dans la bande de Gaza. Il n’y a plus aujourd’hui que 1 000 chrétiens à Gaza. Depuis que les États-Unis se croient les gendarmes du monde, les chrétiens d’Orient ont partout vu leur nombre fondre au Moyen-Orient,  en Irak, en Syrie, au Liban,  etc, etc, …Les racines chrétiennes de l’Occident ont été arrachées par les Américains de façon inconséquente, ils en payent aujourd’hui le fruit. Punis !

[Le 24 décembre 2023, 13 H05, A. C., Montpellier] : J’ai oublié de faire un rappel « salutaire » d’un de vos commentaires.

[Le 24 décembre 2023, 12 H10, A. C., Montpellier] : Depuis le 7 octobre, nos amis marocains ne cessent de nous relayer les nombreuses vidéos et les nombreux courriels qui sont mis en ligne dans les pays arabes en général, et au Maroc en particulier.

Après avoir lu avec intérêt cet article, en cette veille de Noël, je vous adresse pour information le texte illustré que nous avons reçu le 15 décembre intitulé Before USA & after USA. Vous pourrez vérifier que ce genre de document est particulièrement troublant. Les Européens seraient bien avisés d’inviter les États-Unis à arrêter de cautionner, voire de provoquer des guerres « non provoquées ».

Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais nous avons traduit la conclusion : The world ignorantly thinks that Palestine was empty and completely undeveloped until it was invaded by Israel in 1948 …  Le monde pense, par ignorance, que la Palestine était vide et complètement sous-développée jusqu’à son invasion par Israël en 1948. Ces images historiques des années 1930 à 1940 nous montrent que non seulement la Palestine était belle, mais qu’elle était très développée pour son époque, rivalisant même avec les plus belles villes européennes de cette époque comme Londres, Paris et Berlin. Partagez ces images afin que le monde, y compris les musulmans, connaisse la vérité sur la beauté et le développement de la Palestine avant l’occupation.

[Le 23 décembre 2023, 19 H40, J-M. R., Alet-les-Bains] : Un bon article à nouveau, avec lequel je suis d’accord pour l’essentiel, bien que : 1/ à l’origine, le partage de la Palestine, s’il était « ethniquement » équitable, donnait à Israël un territoire au découpage biscornu impossible à défendre en cas de nécessité, c’est pourquoi, au premier prétexte, les juifs se sont efforcés de le retoucher à leur convenance ;  2/ le mitage actuel de ce qu’il reste du territoire palestinien par la multiplication de colonies juives extrémistes après expulsion des arabes, rend cette fois un État palestinien ingérable, également faute de continuité territoriale cohérente ; 3/ faire marche arrière pour recréer deux territoires cohérents au lieu de deux patchworks imbriqués ,sans trop de risques de friction pour faire oublier un long passé douloureux des deux côtés, ne se fera pas non plus sans douleur ni hargne.

[Le 23 décembre 2023, 15 H50, R. L-R., Valleraugue] : Article très intéressant, qui mérite une réflexion approfondie, pour déboucher un jour sur une paix à deux États et pourquoi pas avec une internalisation des lieux saints. L’ensemble de l’article m’a plu, notamment la genèse du conflit en passant par le clivage guerre d’Algérie Camus/Sartre. À vous lire et relire. Très cordialement.

[Le 23 décembre 2023, 15 H35, J. B., Paris] : Comme la plupart du temps je suis en plein accord avec vos propositions pour la Palestine. Si vous faites une pétition je signe. Cordialement … et bonnes fêtes de Noël.

[Le 23 décembre 2023, 14 H45, F. K., Lille] : Jérusalem, Jérusalem !

[Le 2 décembre 2023, 15 H35, D. P., Pézenas] : Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !