N° 385 Les Occidentaux ont la grande folie de se croire encore les seuls maîtres du monde !

En février, nous avertissions « Vous avez aimé les experts es covid, vous allez adorer les experts es Ukraine » [N° 366]. Attention, en avril, les experts en géopolitique et en sanctions économiques sont pire encore.

Les Occidentaux devraient faire très attention à ce qu’ils font et à ce qu’ils disent. Aujourd’hui le monde entier les tient à l’œil, et les juge à l’aune de ce qu’ils font, et plus encore de ce qu’ils ont fait hier.

 Et le jugement est très sévère!

Depuis le début de la guerre en Ukraine, on est obligé de déplorer que sur les écrans de télévision, une ambiance obscène et malsaine se soit installée.

Obscénité des images diffusées en boucle, des horreurs dont les Russes semblent être les seuls accusés. Et malsanité des commentaires de spécialistes surtout experts  es lynchage médiatique.

L’assemblée générale de l’ONU « [a]décid[é] de suspendre les droits de membre du Conseil des droits de l’homme de la Fédération de Russie ». À l’annonce du vote de cette résolution-sanction (voir ONU info), les journalistes et les invités des chaînes d’information en continue ont manifesté le soir du jeudi 7 avril, quasi unanimement, leur grande satisfaction.

En manifestant leur joie sans retenue et sans réserve, les commentateurs français ont fait preuve d’indécence, car une guerre n’est pas un match, mais ils ont surtout montré qu’ils n’avaient pas compris que, cette victoire onusienne des Occidentaux contre les Russes, était une victoire à la Pyrrhus. Les Européens en général et les Français en particulier seraient bien avisés de tempérer leur russophobie devenue presque systémique.

La lucidité et l’intelligence politique devraient les inciter à avoir le « triomphe modeste ». En effet, en analysant le résultat des votes, il y plus de quoi s’inquiéter que de se réjouir.

L’Assemblée générale a voté la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU : 93 pays ont voté pour, 24 ont voté contre et 54 se sont abstenus.

Peut-on en déduire, comme la plupart des commentateurs que la Russie est très isolée ?

Il y a certes 4 fois plus de pays pour la suspension que contre, mais on doit noter que les 24 pays qui ont voté contre [2,263 milliards] représentent un peu plus d’habitants que les 93 pays qui ont voté pour [2,013 milliards].

On doit remarquer aussi que, de façon tout à fait surprenante, malgré la gravité des crimes dont la Russie est accusée, 54 pays, représentant 3,378 milliards d’habitants, se sont abstenus.

Il faut ajouter que 22 des 193 membres de l’Assemblée générale n’ont pas pris part au vote (pour maladie diplomatique ?), dont le Bénin, le Burkina Faso, Djibouti, la Guinée, le Kenya, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, le Rwanda, la Somalie et le Venezuela

Ainsi, pour une population mondiale de 8 milliards d’habitants, seuls les représentants de 2 milliards d’entre eux ont tenu à sanctionner la Russie.

Alors que la Russie, a été soutenue par 24 pays, dont la Chine, Cuba, la Corée du Nord, l’Iran, la Syrie, le Vietnam, l’Algérie, la République Centrafricaine, le Gabon, et le Mali, alors qu’elle a bénéficié de l’abstention de 54 pays, dont beaucoup des plus peuplés, et de la non-participation au vote de 22 autres pays, les Occidentaux (Amériques, Europe et Océanie) n’ont reçu que fort peu de soutiens en dehors de leurs continents.

Le 7 avril 2022, 93 pays membres de l’ONU ont condamné la Russie

Le 2 mars 2022, 141 pays membres de l’ONU ont condamné la Russie

La Russie a fait ses voix, la France n’a pas fait les siennes!

En manifestant leur joie sans retenue et sans réserve, les commentateurs français ont fait preuve d’indécence,

La philosophe Aïda N’diaye s’interroge sur la différence de traitement entre les violences et massacres commis en Europe et ceux commis en Afrique. Elle y voit des impensés racistes.

Un commentaire sur cette vidéo, parmi tant d’autres :

« C’est hallucinant!!! Les mots me manquent. « PUNIR LES PAYS AFRICAINS » ça c’est jouer avec nous les Africains. On ne peut pas tolérer ça. Ces gens délirent, ils sont déjà arriver à la fin de leur hégémonie, panique totale!!

Vive l’Afrique, vive la coopération gagnant-gagnant avec les pays émergents et autres. NON à l’Union européenne et aux États-Unis. Bravo aux pays Africains qui ont voté pour la Russie, force à eux!!! »

Dans cette vidéo de 120 minutes, les 8 premières minutes, sont inaudibles ou/et sans intérêt.

Le 15 mars 2022 – Ségolène ROYAL : « Les Américains sont des va-t’en-guerre, qui en plus sont parfaitement hypocrites, disons les choses telles qu’elles sont. » 

Luc FERRY: «Du succès des idées fausses» [article publié dans le Figaro le 7 avril 2022]

CHRONIQUE – Comment expliquer l’emprise des rumeurs les plus absurdes dans un monde où l’éducation est devenue obligatoire et où les sources d’information n’ont jamais été aussi aisés dans toute l’histoire humaine?

C’est le thème qu’aborde Étienne KLEIN dans la passionnante conférence qu’il vient de donner devant les membres de l’Institut Diderot (accessible sur leur site sous le titre: «La vulgarisation scientifique est-elle un échec?»). Et le physicien n’y va pas par quatre chemins: «Que ce soit sur le nucléaire, le climat, la vaccination, les OGM, la théorie de l’évolution, la science devient l’otage de la postvérité et de la désinformation. “Imaginez-vous que, depuis des siècles, tout le monde vous ment en affirmant que la terre est ronde, en réalité elle est plate!”: cette conviction est partagée par de plus en plus de personnes dans le monde, dopées par les complotistes sur les réseaux sociaux

J’ajouterai que les sciences dures ne sont pas les seules victimes de ce fléau si l’on songe aux mensonges qui envahissent l’espace public en matière d’économie ou de géopolitique pendant les campagnes électorales et les guerres au point que, parfois, on se sent littéralement cerné par des fake news qui l’emportent sur les vérités de simple bon sens. Comment expliquer cette emprise des rumeurs les plus absurdes dans un monde où, pourtant, l’éducation est devenue obligatoire et où les sources d’information et l’accès aux livres n’ont jamais été aussi aisés dans toute l’histoire humaine?

La thèse de KLEIN est double: du côté du public, ce désastre s’explique par la tendance qu’ont les algorithmes des réseaux à enfermer les individus dans leurs préjugés, mais aussi par une conception relativiste et néolibérale de l’esprit critique selon laquelle il n’existe aucune vérité absolument certaine ; du côté des scientifiques, il vient d’une propension à confondre science et recherche: la science, c’est ce qu’on sait, la recherche, ce qu’on ne sait pas encore, ce qui peut donc donner lieu à désaccords, les EXPERTS étant hélas aussi sujets à erreur et fausseté que le commun des mortels quand ils sortent de leur domaine de compétence.

Étienne KLEIN veut continuer à croire aux bienfaits de la vulgarisation dans le combat pour la vérité

Je suis comme lui convaincu que ce sont eux [les experts] qui font le plus de dégâts quand ils se mettent à déraper. Ce sont les oppositions, parfois haineuses, entre les médecins sur les plateaux de télévision qui ont accentué le doute sur les bienfaits des vaccins ou la nécessité de mesures sanitaires ; ce sont des scientifiques qui ont le plus égaré l’opinion sur le climat: on cite à juste titre le cas de certains membres de l’Académie des sciences, mais si, en face d’eux, je veux dire du côté des experts en écologie, les mensonges n’étaient pas eux aussi gros que des brochets, les opinions publiques seraient sans doute moins égarées.

Souvenons-nous des invraisemblables prédictions de Paul EHRLICH, professeur réputé et directeur de recherches dans une des universités les plus prestigieuses des États-Unis, qui annonçait dans un livre vendu à plusieurs millions d’exemplaires qu’en «1980, l’espérance de vie des Américains ne dépasserai pas 42 ans à cause des pesticides et du DDT»!

Souvenons-nous aussi de ces pseudo-spécialistes qui prétendaient, comme François HEISBOURG, qu’il existait des armes de destruction massives en Irak, refusant par la suite de reconnaître leurs erreurs, comme on le voit dans cette sidérante interview publiée dans Libération en juillet 2003.

Question: «Avez-vous le sentiment de vous être trompé sur la nature de la menace irakienne?» Réponse de HEISBOURG«Je suis sans état d’âme, sur le fond mon sentiment n’a pas changé: l’Irak avait bien des armes de destruction massive.»Question: «Pourtant, personne ne les a découvertes…»

Réponse:

 «En tout état de cause, ces armes ont existé!»

Ben voyons! La vérité, c’est que, à part dans la tête de BUSH, de BLAIR et des porte-flingue atlantistes qui leur servaient la soupe, elles n’ont jamais existé!

J’eus l’honneur d’être membre d’un gouvernement, aux côtés de Dominique de VILLEPIN et sous l’égide de Jacques CHIRAC, qui dut résister à ces carabistouilles. Elles divisaient la droite et auraient pu, si nous les avions écoutées, nous entraîner dans une guerre désastreuse qui aurait fini par provoquer la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. Le poisson pourrit par la tête, ce qui pose la question de la responsabilité de ceux qui ont une parole publique, mais qui s’en servent pour propager leurs mensonges sous couvert d’«expertise». KLEIN veut continuer à croire aux bienfaits de la vulgarisation dans le combat pour la vérité. Il a bien raison, mais il faut aussi prendre conscience qu’à l’heure des réseaux sociaux, du primat des lobbies et des intérêts particuliers, la tâche s’annonce de plus en plus rude.

[Le 28 avril 2020, 15 H20, JM. M., Rodez:   Vidéo et cartes à regarder :Condamnation de la Russie : les cartes parlent [Site internet de l’IRIS, le 22 avril 2022]

[Le 25 avril 2020, 15 H20, D. B., Clapiers : Merci pour ce texte qui me permet de considérer que mon analyse est partagée