
N° 528 Charles PÉGUY : un exemple à suivre pour tous nos jeunes dirigeants.
L’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3 août 1914. Immédiatement, Charles PÉGUY, officier de réserve, s’est porté volontaire pour partir au front. Il aimait très fort la France. Il est mort pour elle le 5 septembre, à 41 ans.
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Il décida de les retirer du front et les assigna à résidence à l’arrière, notamment dans la 12e région militaire, dont la capitale était Limoges. De cet épisode est né le terme « limogeage ».
Devenu président du Conseil des ministres et Ministre de la Guerre du 16 novembre 1917 au 18 janvier 1920, seulement 360 jours avant l’armistice, Georges CLEMENCEAU, porta lui aussi un regard très critique sur les chefs de l’Armée. On lui prête ainsi cette phrase assassine : « La guerre est une chose trop grave pour la confier aux militaires. »
Comprendre de cette phrase, que CLEMENCEAU voulait dire que c’était aux hommes politiques de diriger la guerre plutôt qu’à ceux dont le métier était de se battre sur le champ de bataille, est à coup sûr une erreur, car ce médecin-journaliste était aussi sévère avec les civils qu’avec les militaires.
Il pensait simplement comme NAPOLÉON que : « La plus grande des immoralités est de faire un métier qu’on ne sait pas ». Il haïssait rien plus que l’incompétence, l’inconséquence, et la lâcheté, où qu’on les trouve.
En 2025, on cherche en vain un nouveau CLEMENCEAU pour « gagner » la guerre en Ukraine, en revanche pour ce qui est des incompétents, des inconséquents et des lâches, on n’a souvent que l’embarras du choix.
Depuis l’élection de Donald TRUMP, depuis qu’il applique le programme sur lequel il s’est fait élire, depuis qu’il abandonne l’Union européenne à son sort, les dirigeants européens veulent mobiliser 800 milliards d’euros pour bâtir dans l’urgence la Communauté Européenne de Défense dont ils parlent depuis 70 ans.
Les médias, notamment ceux du service public, et Thierry BRETON, lui-même, semblent avoir oublié que les Commissaires européens ne sont pas nommés à vie. En effet, dans la période géopolitique particulièrement mouvementée que traverse les Européens, les journalistes interrogent l’ancien Commissaire au Marché intérieur de décembre 2019 à septembre 2024, et lui leur répond, comme s’il était toujours en poste, et comme s’il était un expert omniscient.
Dépité par l’abandon militaire dont les États-Unis du président TRUMP menacent l’Union européenne, Thierry BRETON, s’appuyant sur des données chiffrées, exhorte les Européens, à éloigner la peur qui les assaille, à se ressaisir, et à mobiliser toutes leurs forces, qui, selon lui, sont très grandes.
Nombre de militaires d’active dans les pays de l’Union européenne et au Royaume-Uni

Effectifs militaires des pays de l’Union européenne et du Royaume-Uni
comparées à ceux des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Ukraine.

Plus encore, les matériels, et moyens de les mettre en œuvre, sont très souvent considérés comme étant parmi les plus performants dans le monde.
La situation n’est donc quantitativement nullement aussi alarmante que ce que les marchands d’armes avancent.
En matière de défense, il faut malheureusement se méfier des chiffres, et d’une simple vision comptable des problèmes.
Les 27 pays de l’Union européenne, plus le Royaume-Uni, rassemblent un effectif total de plus de 1,6 million de personnes.
En France, le pays le moins mal loti de toute l’Europe, qui annonce un effectif total de 200 mille personnes, le Ministère de la défense a indiqué que l’armée de Terre ne pouvait actuellement rassembler en urgence, au maximum, que 8 mille hommes. Si tous les pays d’Europe réunis pouvaient aligner le même pourcentage de militaires en état de combattre éventuellement, cela ne représenterait en tout, au mieux, que 64 mille soldats.
Face aux centaines de milliers de combattants russes, comme au côté des centaines de milliers de combattant ukrainiens, aguerris par 3 ans d’affrontements des plus sanglants, les troupes que certains dirigeants de l’Union européenne envisagent très gravement de déployer sur le sol ukrainien, boots on the ground, représentent donc, dans la situation militaire actuelle, telle qu’elle est réellement, plus un risque de faire durer le conflit, voire de l’élargir, qu’une chance d’aider à trouver un chemin vers la paix, ou au moins une trêve durable.
Pour les spécialistes militaires, qui se sont formés sur le terrain, qui connaissent la capacité opérationnelle réelle de l’armée de Terre, de la Marine, et de l’armée de l’Air, de chacun des pays européens de l’OTAN, les chiffres ne doivent pas faire illusion.
Dans les deux pays qui restent relativement les moins mal armés en Europe, France et Royaume-Uni, la répartition des effectifs est sensiblement la même : armée de Terre un peu plus de 55 %, Marine environ 20 %, armée de l’Air environ 20 %.
Dans les deux pays les capacités réelles en moyens et matériels, chars qui peuvent se déplacer, avions et hélicoptères qui peuvent voler, sont aussi éloignées des valeurs officielles annoncées.
Il est triste qu’il ait fallu que les États-Unis annoncent l’éventualité de leur désengagement militaire en Europe, pour que les Européens ouvrent les yeux sur leur puissance militaire collective, plus imaginaire que réelle, notamment en ce qui concerne l’armée de Terre.
En novembre 2024, les dirigeants du Royaume-Uni savaient que, chaque mois, les forces britanniques perdent 300 militaires de plus qu’elles n’en recrutent, cela ne les a nullement empêchés de continuer à faire à l’Ukraine des promesses d’assistance militaire de plus en plus aventureuses, voire carrément malhonnêtes.
On pouvait lire dans Le Monde daté du 5 mars : La Commission européenne a dévoilé, mardi 4 mars 2025, un plan baptisé « réarmer l’Europe » qui ambitionne de mobiliser près de 800 milliards d’euros pour sa défense et fournir une aide immédiate à l’Ukraine.
Défense de l’Europe ou défense de la Commission européenne ? Outre le fait que la phrase du journal de « référence » est problématique d’un point de vue grammatical, elle est triste, car elle montre que les dirigeants européens gardent la faiblesse de croire que la solution du drame ukrainien est de nature principalement financière. Comme s’il suffisait d’aligner beaucoup de sous pour acquérir la victoire et acheter la paix.
Depuis 3 ans la Russie de POUTINE est comparée à l’Union soviétique de STALINE et/ou à l’Allemagne de HITLER.
Les historiens savent aujourd’hui que les éclatantes victoires allemandes de 1940 cachaient une économie aux abois. Tout manquait, l’essence, les armes, les matières premières, la nourriture, les devises. Les nazis durent organiser un immense pillage dans les pays envahis, pour pouvoir continuer à faire la guerre pendant plus de 5 ans. La seule chose qui ne manquait pas aux Allemands c’est l’aveuglement idéologique de leurs soldats et de la population toute entière.
Fort heureusement, l’exceptionnelle force mentale des soldats Allemands n’a pas suffi à leur apporter la victoire. Grâce à l’effort humain de l’Union soviétique, conjugué à la puissance industrielle de toutes les forces alliées contre les nazis et les Japonais, l’Allemagne puis le Japon ont pu être vaincus.
La quantité et la qualité des armes sont importantes, mais tout aussi importante est la force morale des combattants qui sont amenés à les utiliser.
La Russie cherche à envahir tout ou partie de l’Ukraine depuis 3 ans.
Les Européens se déclarent de plus en plus persuadés que POUTINE ne compte pas s’arrêter à l’Ukraine. La présidente Ursula von der LEYEN vient de déclarer : « L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte ».
Si, comme on peut l’espérer, les craintes de la présidente de la Commission européenne sont justifiées et fondées, les dirigeants français qui partagent sa vision de la situation internationale doivent en tirer immédiatement toutes les conséquences, notamment que : avant de penser à augmenter ses dépenses militaires, un pays doit penser à préserver ses défenses immunitaires.
Quand un gouvernement responsable envoie ses soldats à la guerre, il doit tout faire pour le moral de ses troupes, tout pour que ceux qui risquent leur vie pour la patrie conservent la ferme envie de le faire. Il prend soin de prendre en compte rapidement, de classer, et d’affronter dans l’ordre toutes les menaces urgentes et graves qui existent pour le pays.
Pour réunir dans l’Union européenne les moyens militaires nécessaires pour dissuader sérieusement la Russie d’avancer vers l’Ouest, il faut compter, des années pour les matériels, et pour les personnels des dizaines d’années. Pour former un colonel il faut prévoir jusqu’à 20 ans.
Chas FREEMAN, ancien secrétaire à la défense des États-Unis, a récemment déclaré, dans une très instructive vidéo, que pour espérer voir une défense européenne plus ou moins autonome crédible il faudrait attendre des années, des décennies. Il a précisé qu’il avait été interloqué d’apprendre de ses collaborateurs militaires, que pour former dans une armée une division pleinement opérationnelle il fallait prévoir environ 20 ans, parce que tout repose sur la formation, le moral, l’esprit, l’équipement, et la maîtrise de son utilisation, toutes choses qui ne peuvent s’acquérir que dans un temps long.
Fort heureusement, la France n’est en guerre ni avec la Russie ni avec l’Algérie, mais ses relations avec les deux pays tendent à se détériorer de conserve, à un point tel, qu’on peut sérieusement craindre le pire. Non pas la guerre, mais, horresco referens, des émeutes et des sabotages, menant à une guerre civile provoquée de l’extérieur et/ou de l’intérieur. La haine en France et la haine de la France a fini par faire des ravages.
Pour forger dans les armées de l’Union européenne la force morale dont elles ont besoin pour faire face à l’adversité, le maintien de la cohésion nationale dans chacun des pays est un impératif absolu. Or en France, en raison de politiques migratoires inconséquentes menées par les gouvernements depuis plus de 50 ans, minée par le multiculturalisme et le salafisme, un dramatique délitement de l’unité nationale ne cesse de s’aggraver.
La division de la société française a atteint un niveau tel en 2025 qu’elle représente la première menace existentielle pour le pays. Fort heureusement la fracturation du pays ne se retrouve pas dans l’armée, dont les instructeurs arrivent miraculeusement à faire encore aimer la France à des jeunes qui, pour certains, n’avaient entendu en dire que du mal.
Malheureusement la société civile est, elle, si fracturée que les autorités françaises restent paralysées par la peur des émeutes, et que les responsables politiques de la gauche extrême sont de plus en plus persuadés que l’heure du grand Khaos libérateur de toutes les énergies révolutionnaires ne saurait tarder à arriver. Pour le philosophe Raphaël LIOGIER, dans l’Antiquité, le grec khaos, qui a donné chaos en latin, désignait le vide : un vide positif, plein de potentialités, quelque chose de trop grand pour être limité par une représentation.
Les Occidentaux, attirés par le vide, habités par la haine ?
À l’occasion de la pandémie de la covid 19 et à l’occasion de la guerre en Ukraine, on a vu les dirigeants européens chercher à régler des problèmes, qu’ils n’avaient absolument pas anticipés, à partir de données dont ils ne sont jamais donnés la peine de vérifier sérieusement la solidité.
Or, il est impossible de résoudre un problème dont les données sont incomplètes, voire totalement fausses.
Dès le lendemain de la bataille de Waterloo, le Royaume-Uni s’est mis à développer contre la Russie, son allié dans la guerre contre Napoléon, une animosité dans les mots, aussi vive que soudaine, jusqu’à ce que la guerre de Crimée éclate en 1853.
Les historiens savent aujourd’hui que les relations entre les deux pays se sont tendues, dès 1817, pour des raisons économiques et impériales, à la suite de la publication par la presse britannique du « testament de Pierre le Grand », document apocryphe créé de toutes pièces par la France en 1812 pour justifier sa guerre contre la Russie.


La formation de la Russie de 1689 à 1900 (21,8 millions de kilomètres carrés)
En 2025, la superficie du Royaume-Uni est de 243 610 kilomètres carrés et celle de la France métropolitaine de 550 000 kilomètres carrés. Les Anglais ont donc réussi l’exploit d’étendre leur souveraineté sur un empire 138 fois plus grand que leur Royaume, et 259 fois plus grand que l’Angleterre. La France, elle, n’a réussi à se rêver qu’à la tête d’un empire colonial éphémère 61 fois plus grand qu’elle.
Ceci pourrait expliquer pourquoi, bien que les Français aient été les seuls à être entrés dans Moscou, les relations entre le Royaume-Uni et la Russie ont été beaucoup plus conflictuelles au cours des siècles que les relations entre la France et la Russie.
Vingt ans après la défaite de 1870 et surtout après l’unification de l’Allemagne, sous la forme d’un État-nation, qui eut officiellement lieu le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, la France redécouvrit soudain, en 1892, tout l’intérêt qu’elle avait à se faire de la Russie un solide allié, culturel, économique, et surtout militaire.
Face à la menace Allemande croissante le Royaume-Uni finit par sortir de son « splendide isolement » en signant la convention anglo-russe, datée du 31 août 1907.
Durant plus de 2 siècles, en dehors de très brèves périodes, 1907-1917, et 1941-1945, contrairement aux Français qui ont été très longuement slavophiles puis soviétophiles, les Anglais ont affiché une russophobie constante, qui n’a fait que se renforcer et s’enraciner profondément durant la période soviétique.
La russophobie est une pathologie très contagieuse, provenant d’une jalousie maladive. Elle est probablement née à Londres au 10 downing street, dans la tête d’un Premier ministre britannique acceptant mal que les tsars de la dynastie Romanov (1613–1917) aient réussi à bâtir si vite leur immense empire, longtemps seule puissance territoriale à pouvoir rivaliser avec celle des monarques du Royaume-Uni. À la veille de la Révolution d’Octobre, la Russie avait atteint sa superficie optimale, passant en 16 ans, de 21,8 en 1900 à 22,8 millions de kilomètres carrés en 1916.
En 2025, la Russie est redevenue le plus grand des États du monde, une fédération constituée de 85 ou 89 subdivisions, dénommées en français sujets de la fédération de Russie, possédant d’immenses richesses agricoles, énergétiques et minières. Un pays très faiblement peuplé, avec une densité de population inférieure à 9 habitants au kilomètre carré.
L’Angleterre possède, elle, le 4e plus grand nombre d’habitants d’Europe de l’Ouest, et le 25e dans le monde. Avec une densité de 422 habitants au kilomètre carré, c’est l’un des territoires les plus densément peuplés d’Europe, rien d’étonnant donc que la Russie n’ait jamais cessé d’aiguiser la jalousie et la convoitise des Anglais.
Ceci explique en grande partie pourquoi, dès le lendemain de la chute du Mer de Berlin, et plus encore après l’éclatement de l’Union soviétique, les Anglo-saxons furent les premiers et les plus nombreux à se ruer vers l’Est, en Russie et en Ukraine notamment, pour piller et accaparer, avec l’aide des autochtones qui avaient l’irrépressible désir de devenir milliardaires, tout ce qui avait pu prendre et garder de la valeur malgré 70 ans de communisme.
Tous les pays du bloc communiste ont privatisé leur économie de la même façon, les oligarques russes et ukrainiens ne sont pas nés par génération spontanée.
Dès 1994, sous la présidence de Boris ELSTINE, aveugle et/ou complice, des Russes et des Ukrainiens, qui n’avaient encore rien créé ni rien inventé, ont réussi à devenir soudainement, quasi miraculeusement, milliardaires. On sait aujourd’hui que les Occidentaux n’y furent pas pour rien.
Les grands gagnants de la ruée vers l’Est, comme les grands gagnants de la ruée vers l’Ouest, furent ceux qui acquirent les premiers, de conserve, la force de conviction que donne le revolver, la complicité des greffiers, les prêts des banques nationales, et surtout les prêts « généreux » des banques internationales les moins regardantes.
Depuis la guerre en Ukraine, les journalistes français, censés être des spécialistes des anciens pays de l’Est, semblent découvrir pourquoi et comment l’Ukraine a abandonné son arsenal nucléaire en 1994. Ceux qui s’offusquent aujourd’hui que la Russie ait hérité de l’entièreté de la force nucléaire de l’Union soviétique, après sa dissolution, ont visiblement perdu la mémoire. Ils oublient en effet que c’est dans le but d’éviter la prolifération des armes nucléaires, que les Anglais et les Américains acceptèrent, avec un grand soulagement, de cosigner le mémorandum de Budapest le 5 décembre 1994.
De même qu’il est impossible de résoudre un problème sans connaître toutes ses données, il est impossible de porter un jugement valable sur les termes d’un accord, en méconnaissant les conditions dans lesquelles il a été signé. En 1994, l’urgence n’était pas d’offrir à l’Ukraine les moyens de sa future défense, face à une éventuelle invasion venant de Russie, mais d’éviter « à tout prix » que les ogives nucléaires de l’Empire soviétique échappent à tout contrôle et deviennent l’objet de transactions avec des États voyous ou/et terroristes. Les Occidentaux redoutaient surtout alors la dispersion nucléaire, et fantasmaient sur le trafic de produits radioactifs réels, ou inventés, comme le mercure rouge.
Alors que l’URSS est née dans un bain de sang, le 30 décembre 1922, la dislocation du bloc soviétique, puis la dissolution de l’Union soviétique le 26 décembre 1991, se sont produites avec peu de morts grâce au sens unique des responsabilités de Mikhaïl GORBATCHEV. Très peu de morts violentes en effet, mais en raison des conditions effroyables dans lesquelles les populations durent survivre dans les années 90, les démographes ont vite enregistré une augmentation de la mortalité, provoquant entre 1991 (68,47 ans) et 1994 (64,47 ans) la plus forte baisse de l’espérance de vie à la naissance en Russie, et provoquant entre 1991 (69,30 ans) et 1995 (66,74 ans) une forte baisse de l’espérance de vie à la naissance en Ukraine.
Espérances de vie à la naissance de 1960 à 2022 :
Depuis la chute du Mur de Berlin, il est de bon ton parmi les experts de vanter les mérites de l’auteur du livre qui a prédit la fin du premier régime communiste de l’Histoire. Chez certains, qui se présentent comme savants, on ne sait si les louanges qu’ils tressent à Emmanuel TODD visent à rappeler un exploit singulier, ou ont surtout pour but de faire oublier qu’il a été le seul à voir clairement ce que tout le monde pouvait voir.
Car la forme des graphiques montrant l’évolution de l’espérance de vie à la naissance dans un pays, durant 60 ans, donne l’image précise de son passé et permet de diagnostiquer son avenir le plus probable.
En comparant les courbes établies avec les données de 3 pays communistes, URSS, Chine et Corée du Nord, on comprend pourquoi le système soviétique s’est écroulé, alors que la Chine et la Corée du Nord sont restés communistes, malgré des périodes économiques, culturelles et politiques, très mouvementées.
Les courbes établies avec les données de la Russie, de l’Ukraine, des pays baltes et du Kazakhstan montrent que la maladie qui a terrassé l’Union soviétique était trop avancée au moment de l’arrivée de GORBATCHEV au pouvoir pour arriver à l’arrêter. L’amélioration que l’on note dans tous les pays, de 1984 à 1989, fut le chant du cygne pour la démographie de tous.
À l’exception notable du Kazahkstan, dans tous ces pays l’effondrement du système communiste provoqua un brutal effondrement démographique inédit, que l’on ne rencontre habituellement qu’en période de guerre.

54,05 (1960) – Corée du Nord – 73,58 (2022)

33,27 (1960) – Chine – 78,59 (2022)

64,47 ans (1994) – Russie – 73,08 ans (2019)

66,74 ans (1995) – Ukraine – 71,83 ans (2019)

– Estonie –

– Lituanie –

– Lettonie –

– Kazahkstan –

69,77 ans (1960) – États-Unis – 78,84 ans (2014)

69,87 ans (1960) – France – 82,83 ans (2019)

Comparaison des États-Unis, et de la France avec la Russie et l’Ukraine
En 1960, entre l’espérance de vie en Ukraine et celle en France, l’écart était très faible (- 0,38) et cette fois encore à l’avantage de la France. Mais en 1984, cet écart s’était déjà énormément creusé (- 6,49) pour atteindre en 2021, l’année d’avant la guerre, un écart important de (- 12,67).
En 1960, entre l’espérance de vie en Ukraine et celle en Russie, l’écart était de (- 2,02) à l’avantage de l’Ukraine. En 1984, cet écart a commencé à légèrement diminuer (- 1,31) et est resté faible jusqu’à la fin de l’URSS, la preuve que la Russie et l’Ukraine souffraient des mêmes maux. Après avoir atteint en 1994 la valeur maximale de (- 3,07), l’écart entre les deux pays s’est de nouveau resserré et s’est inversé en 2019 en passant à + 1,25, juste trois ans avant la guerre. En 2022, l’écart entre les deux pays a atteint près de 4 ans en défaveur de l’Ukraine, à cause bien évidemment de la guerre.
On doit aussi noter que de 1994 à 2019, à la veille de l’arrivée de la covid-19, l’espérance de vie à la naissance a crû en Russie de 8,61 ans, tandis que de 1995 à 2019, elle n’a crû en Ukraine que de 5,09 ans. Dans les deux pays elle n’a dépassé sa valeur optimale de 1988 en Russie et de 1989 en Ukraine qu’en 2011.
De 1987 à 1999, le nombre des naissances est passé, en Russie, de 2,5 millions par an à 1,2 million. Le taux de natalité est resté longuement en-dessous du taux de reproduction (2,1 enfants par femme) de 1963 à 1984, puis de 1988 jusqu’à aujourd’hui. Seules les premières années des réformes engagées par Mikhail GORBATCHEV, durant la Perestroïka, ont eu des conséquences positives sur les naissances en faisant passer le taux de fertilité au-dessus du taux de reproduction.
L’effondrement économique et le désordre indescriptible survenus en Russie, en Ukraine, et dans les pays baltes immédiatement après la fin de l’Union soviétique ont engendré en Russie, en dix ans, une chute de plus de moitié de la natalité, et en trois ans, une baisse brutale de l’espérance de vie à la naissance dans ces 5 nouveaux pays, de même forme et de même ampleur.
Russie-Ukraine : tous les oligarques frères de sang
Les oligarques qui soutiennent POUTINE sont décrits comme des individus sans foi ni loi appartenant au camp des collabos, en revanche, ceux qui, en Ukraine ou à Londres, s’opposent à lui sont décrits comme des personnalités devenues soudain éprises de démocratie, respectueuses des droits de l’homme, appartenant au camp des résistants.
Le nombre de milliardaires en Russie ne cesse d’augmenter malgré la guerre. En 2022 le magazine Forbes en comptait 83, en 2023 il en en annonçait 105, et dès avril 2024 il en comptabilisait 120.
Dans le classement établi par Forbes en 2023 : Quels sont les pays avec le plus de milliardaires ?, la Russie est classée cinquième, tandis que l’Ukraine n’appartient pas au club fermé des 20 pays ayant le plus de gens immensément fortunés. Il n’y a donc pas en Ukraine aujourd’hui plus de 30 milliardaires, et à cause de la guerre ce nombre ne devrait que diminuer.
Jusqu’en 2008, les conditions dans lesquelles les oligarques ont construit leur fortune et les moyens qu’ils ont utilisés pour l’accumuler, furent quasiment identiques en Russie et en Ukraine. Jusqu’à cette date, le nombre de milliardaires par habitant dans les deux pays a donc été lui aussi identique. Jusqu’en 2022, les oligarques qui avaient presque tous le même profil délinquant, et pour beaucoup le même passé criminel, ceux qui avaient réussi à survivre à la révolution de Maïdan en Ukraine, et ceux qui en Russie avaient accepté de laisser au président POUTINE le privilège de diriger le pays, pouvaient espérer conserver, voire faire fructifier, tous leurs biens mal acquis.
En 2014, les oligarques ukrainiens ont été obligés de choisir leur camp, de choisir entre l’Europe ou la Russie. Ils auraient certainement préféré continuer à jouer sur les deux tableaux, comme la structure de leurs industries les poussaient économiquement à le faire, mais l’Union européenne a refusé l’accord de coopération trilatérale à laquelle le président Viktor IANOUKOVYTCH aspirait, comme la plupart de ses électeurs qui étaient pour l’immense majorité d’entre eux russophones.
Des centaines de Russes et d’Ukrainiens ont perdu la vie en cherchant à devenir milliardaires. La guerre que les oligarques se sont faite pour asseoir leur pouvoir économique et politique fut une guerre violente et sanglante. Elle fit des centaines de morts parmi eux, mais aussi des centaines milliers de morts parmi les millions de Russes et d’Ukrainiens les plus modestes, victimes des effroyables conditions matérielles et psychologiques dans lesquelles ils durent affronter la misère et la honte.
Un économiste de l’université de Harvard, Jeffrey SACHS, inventeur d’une méthode pour conduire un pays entier au capitalisme, une thérapie de choc qu’il avait testée en Bolivie et venait de lancer en Pologne, réussit à convaincre Boris ELSTINE d’appliquer son remède de cheval à la toute nouvelle fédération de Russie, dont il venait de devenir président.
Mikhaïl KHODORKOVSKI, avait réussi à créer en 1988, à l’âge de 25 ans, une banque en URSS, alors que cela venait juste d’être autorisé. Il fut ainsi en 1992 le tout premier à pouvoir bénéficier pleinement des réformes mises en œuvre sur les conseils de Jeffrey SACHS, ce qui lui permit de devenir très rapidement milliardaire, le premier milliardaire de Russie.
Dans les chapitres 4, 5 et 6 de l’étude « Les oligarques ont disparu », publiée en 2024 sur le site internet de la revue Kometa, notamment dans celui intitulé : l’ascension du premier oligarque russe, on apprend comment le premier milliardaire russe a bâti sa fortune, et comment Vladimir POUTINE a procédé pour mettre fin à ses ambitions politiques, lorsqu’elles sont devenues vraiment trop dérangeantes pour lui.
L’étude complète qui ne concerne que la Russie, étrille sévèrement les oligarques russes et le régime de POUTINE. Après la lecture des 6 chapitres, il est difficile de garder de la sympathie pour la Haute Société russe, corrompue jusqu’à l’os.
Pour toutes les raisons que nous avons indiquées supra, la même étude faite pour l’Ukraine, avant 2014, aurait peint le même tableau de la Haute Société ukrainienne.
Depuis le 24 février 2022, rappeler que les oligarques russes et ukrainien sortent tous du même moule, s’est s’exposer au risque d’être accusé de relativisme, d’être accusé de vouloir mettre sur un pied d’égalité les agresseurs et les agressés.
Dans son livre La guerre avant la guerre, publié en mars 2023 et le 18 avril 2023 sur Sud Radio, Thierry MARIGNAC fut un des rares auteur à oser la comparaison : Ukraine : la société mafieuse avant la guerre. Ni son livre lorsqu’il est sorti, ni son entretien lorsqu’il fut diffusé, ne furent salués par les critiques, à la hauteur du travail d’enquête remarquable effectué par cet écrivain russophone, traducteur de plus de 20 ouvrages publiés en russe.
Pour rappeler ses confrères à leur éthique professionnelle, André BERCOFF, répéte une citation qu’il affectionne tout particulièrement : Le but du journalisme n’est ni de déplaire ni de complaire. C’est de remuer la plume dans la plaie. C’est certainement pourquoi il fut quasiment le seul à refuser d’ignorer délibérément la sortie de La guerre avant la guerre.
En 2023, l’invasion russe avait déjà fait trop de morts en Ukraine, il était alors devenu impensable de faire la publicité d’un livre risquant de ternir la mémoire des Ukrainiens disparus, en combattant pour une noble cause.
Paradoxalement se sont souvent les Américains qui ont été les premiers à dénoncer fermement les crimes et les mauvaises pratiques de leur société et de leurs propres gouvernements.
Les bons journalistes européens savent, et rappellent souvent, que c’est en 1961, en quittant la présidence des États-Unis, que le président Dwight David EISENHOWER tint à avertir solennellement ses compatriotes des graves dangers que la puissance croissante du complexe militaro-industriel américain faisait peser sur la politique du pays. Comme si avant cette date, il n’y avait pas eu de coups tordus fomentés pour de biens sombres raisons, comme si les lobbies n’étaient pas encore à la manœuvre.
Certes, c’est l’avertissement de l’ancien général en chef de l’US Army qui eut le plus grand retentissement mais il ne fut ni le premier, ni le plus percutant.
War Is a Racket, le livre autobiographique publié en 1935 par le général américain du corps des US marines, Smedley Darlington BUTLER, est certainement le témoignage le plus à charge contre la politique étrangère des États-Unis au début du XXe siècle.
Cette fois encore se sont des Américains qui ont contredit les premiers, et le plus nettement, le récit officiel qu’on fait les Occidentaux, et que les Européens tiennent à continuer à faire en 2025, pour expliquer et justifier leur indéfectible soutien militaire et économique à l’Ukraine, et au président ZELENSKY.
Le récit officiel à le mérite de la simplicité. Selon ce récit, Vladimir POUTINE aurait décidé d’envahir toute l’UKRAINE pour entamer la restauration de l’Empire soviétique, voire retrouver la Russie impériale, jusqu’à Varsovie. Comme le fit HITLER en 1939 en Tchécoslovaquie, il se serait lancé dans une guerre non provoquée pour annexer tout ou partie de l’Ukraine, la partie russophone à minima.
Les lecteurs, les auditeurs, et les téléspectateurs, sont ainsi censés accepter qu’il s’agirait de la première guerre de l’histoire sans antécédents historiques ni motifs économiques, une guerre entièrement basée sur la psychologie d’un seul homme.
Le 24 avril 2019, la Rand corporation a publié le plan, «Overextending and Unbalancing Russia», dans lequel la société de conseil de l’armée américaine expliquait comment les États-Unis devaient opérer pour arriver à déstabiliser la Russie. En ce qui concerne l’Ukraine, tout était écrit dans le plan de la Rand Corp.
Deux jours avant l’entrée de l’armée russe en Ukraine, le 22 février 2022, l’ancien ambassadeur des États-Unis en URSS de 1987 à 1991, Jack MATLOCK, russophile et parfait russophone, témoin de l’effondrement de l’Union soviétique, publia un article prémonitoire, La crise ukrainienne, dans lequel il mettait en garde les dirigeants de son pays sur ce qu’il ne fallait surtout pas faire, au risque de déclencher une nouvelle guerre, moins d’un an après le retrait des GI’S d’Afghanistan. Lorsque son article fut publié, il était trop tard pour arrêter la machine infernale.
Mikhaïl GORBATCHEV est mort le 30 août 2022 sans que personne sache dire s’il avait approuvé ou condamné l’« opération militaire spéciale ». Selon le journal Libération du 8 avril 2022, un mois après l’invasion, il ne s’était toujours pas exprimé sur ce sujet, très douloureux pour lui. Si l’ex-président GORBATCHEV ne s’est pas exprimé le lendemain de l’opération, il s’est clairement exprimé deux mois avant, confer ses déclarations du 24 décembre 2022, rappelées par Libération.
Quand on a eu la chance et l’honneur de participer au New Policy Forum organisé à Montpellier, les 24 et 25 novembre 2011, la chance de constater la joie manifeste que Mikhaïl GORBATCHEV et Jack MATLOCK avaient de se retrouver une nouvelle fois, on ne peut douter de la complicité intellectuelle et de la communion de pensée, qu’ils avaient forgée en mettant fin ensemble à la guerre froide.
Rien donc d’étonnant, à ce que le 21 mars 2014, Jack MATLOCK aient affiché un point de vue identique à celui de Mikhaïl GORBATCHEV, après que la Crimée a rejoint la Russie : Crimée : la Russie répond à l’élargissement de l’OTAN vers l’Est.
Depuis 1991, il était clair que si les Criméens étaient contraints de choisir entre l’Ukraine et la Russie, ils choisiraient la Russie. Dès lors, comment expliquer que tant de chroniqueurs aient pu croire à la « libération » militaire de la Crimée annoncée par ZELENSKY ? Comme si les habitants de la presqu’île attendaient avec impatience l’arrivée des soldats ukrainiens pour pouvoir les embrasser.
Il était difficile d’accuser GORBATCHEV d’être poutiniste, poutinien, ou poutinolâtre. La meilleure façon de combattre ses idées était donc de les ignorer, et de l’ignorer. Les journalistes qui ont participés à cette omerta furent soit incompétents, soit malhonnêtes, et dans tous les cas coupables d’une grave faute professionnelle : ils ont délibérément arrêté de faire leur métier qui est de « dire ce que l’on voit, voir ce que l’on voit » (Charles PÉGUY).
L’équipe TRUMP, arrivée au pouvoir, veut sortir au plus vite du bourbier ukrainien. Les Européens n’imaginaient pas que le changement à la tête des États-Unis serait si rapide et si brutal. Pourtant, les déclarations que la plupart des futurs collaborateurs du futur président avaient faites avant leur entrée à la Maison Blanche étaient on ne peut plus claires. Le futur vice-président J. D. VANCE avait été le plus direct vis à vis des Européens et le plus sévère vis à vis de ZELENSKY. On pourrait résumer sa pensée en quelques mots : Les Européens, s’ils veulent continuer à faire la guerre avec ZELENSKY, qu’ils la fassent, mais se sera sans nous.
Après le début de la guerre en Ukraine, contrairement aux médias européens qui sont devenus de plus en plus bellicistes, les médias américains sont vite devenus de plus en plus réalistes, et ont donné très tôt et très largement la parole à ceux qui considéraient que les États-Unis se fourvoyaient une nouvelle fois en s’engageant dans un conflit qui ne pouvait que mal se terminer pour les Ukrainiens.
Après trois ans de guerre, contrairement aux militaires européens, les militaires américains estiment que les États-Unis doivent désormais se désengager, si possible au plus vite, sans tenir sérieusement compte des intérêts des Ukrainiens : « America first again ! ».
Au cours de l’exposé de trois-quarts d’heure qu’il a fait au Parlement européen le 19 février 2025 dernier, le professeur Jeffrey SACHS a rappelé la célèbre citation attribuée àHenry KISSINGER : « Être un ennemi des États-Unis est dangereux, mais être leur ami est fatal ».
Un an avant, le 21 février 2024, sur le site Neutrality Studies, l’ancien ambassadeur des États-Unis en URSS, Jack MATLOCK, avait tenu à révéler et dénoncer la doctrine d’hégémonie des USA. Révélations qui n’en étaient pas pour les Occidentaux connaissant bien la politique des dirigeants américains.
Les propos de Jeffrey SACHS et ceux de Jack MATLOCK sont majoritairement rejetés, et contestés quand ils arrivent difficilement à émerger, dans la plupart des médias européens. En revanche, dans les médias américains leurs propos recueillent un écho positif, notamment de la part d’anciens militaires, las de perdre toutes leurs guerres.
C’est pourquoi, les plus hauts gradés du Pentagone n’hésitent plus à faire savoir que, pour eux, l’affaire est pliée militairement, et ce depuis longtemps : l’armée ukrainienne peut arriver à ralentir l’avancée de l’armée russe, mais elle n’a aucune chance de pouvoir reprendre les territoires perdus dans un proche avenir.
Conclusion : les Américains n’ont rien à gagner à la poursuite de cette guerre. Ce qu’ils pouvaient en espérer de mieux a été obtenu dès le 22 septembre 2022, le jour où le sabotage des gazoducs Nord Stream a eu lieu, privant ainsi l’Allemagne d’une énergie très bon marché, un avantage concurrentiel insupportable, et « intolérable », pour l’économie américaine.
La veille de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le 23 février 2022, Ségolène ROYALE fut quasiment la seule à oser tenir sur LCI des propos « iconoclastes », parler de paix : crise en Ukraine, l’Europe et la France first. Elle a continué crânement pendant plusieurs mois à se démarquer de la doxa officielle, et à condamner avec virulence le bellicisme inconséquent des Occidentaux. En septembre 2022, l’ancienne ministre socialiste a même osé questionner la réalité des crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine. Dénonçant « une propagande de guerre par la peur » de la part du président ukrainien, Volodymyr ZELENSKY.
Durant toute la durée du mandat de Joe BIDEN, même lorsqu’à l’évidence il avait perdu le sens des mots, les dirigeants européens n’ont jamais manifesté le moindre désaccord avec ses prises de position sur la crise ukrainienne, et se sont efforcer de répondre au mieux aux appels à l’aide répétés du président ZELENSKY, à hauteur de leur capacité économique et militaire. Comme les États-Unis, les Européens n’ont jamais cherché à faire pression sur le président de l’Ukraine pour qu’il accepte de reconnaître la défaite de son armée, malgré la vaillance exceptionnelle de ses soldats,
Aux États-Unis, il y a un nouveau shérif
En comparant longuement POUTINE et HITLER, les Occidentaux ont cru aider l’Ukraine à marcher plus vite vers la victoire, en continuant aujourd’hui à le faire, alors que les Américains ont décidé de relativiser la menace russe, les Européens la condamnent à une défaite de plus en plus lourde, et de plus en plus couteuse en vies humaines.
Le 14 février 2025 sur RTL, Ségolène ROYALE a rappelé aux journalistes jusqu’au-boutistes qui lui faisaient face que « La guerre ne s’arrête pas avec la guerre ».
Le 30 mars 2025 sur SwissBox Conversation, l’ancien colonel du renseignement helvétique, Jacques BAUD, dont les analyses, détaillées dans ses livres, se sont toutes avérées pertinentes, a rappelé toutes les erreurs commises par les Occidentaux. L’analyste stratégique suisse, reproche sévèrement aux Anglo-saxons et aux Européens d’avoir cherché lâchement à faire la guerre à la Russie, cyniquement, jusqu’au dernier ukrainien.
Les Européens se sont beaucoup moqués de la faillite des services de renseignement russes qui a fait échouer l’opération militaire spéciale, conçue pour être foudroyante. Il n’aura fallu que quelques mois pour que les Russes puissent à leur tour se moquer des services de renseignements occidentaux, qui avaient, eux, sous-estimé la résilience de l’économie de la Russie, sous-estimé sa capacité industrielle en matière d’armement, et surestimé son isolement en cas de crise diplomatique.
On ne peut que regretter les toutes récentes déclarations martiales de la présidente de la Commission européenne, reprises par le président français, qui prouvent que les principaux dirigeants européens n’ont toujours pas compris l’impasse ukrainienne dans laquelle ils se sont engagés, et dans laquelle ils semblent tout faire pour rester.
On peut espérer au moins que les dirigeants européens ne croient pas sérieusement à la menace qu’ils agitent pour justifier l’aide de leur pays à l’Ukraine. Sinon, comme le fait remarquer en riant Emmanuel TODD, il faut créer d’urgence dans les facultés de Médecine en Europe des chaires de Géo-psychiatrie. Imaginer que la Russie pourrait vouloir envahir un des pays baltes, membres de l’OTAN, dès que l’Ukraine aurait accepté sa finlandisation, montre bien que la russophobie est une vraie maladie. À moins d’admettre que toutes les armées des 32 pays de l’OTAN sont des armées Potemkine, justes bonnes à faire de la figuration dans les films.

Sauf pour l’artillerie et les sous-marins, la Russie est loin de paraître une menace pour l’OTAN

Les plus hauts gradés du Pentagone, qui n’ont pas gagné leurs galons derrière un bureau, savent d’expérience que les chiffres sont menteurs. C’est pour cette raison, que dès les premiers jours de l’opération militaire spéciale, les généraux les plus chevronnés ont alerté la Maison Blanche sur les dangers de la guerre en Ukraine qui, selon eux, pouvait faire rapidement courir aux États-Unis un risque d’escalade, le risque de devenir cobelligérants à l’insu de leur plein grès.
Dans le climat d’hystérie belliciste omniprésent dans les médias des pays occidentaux, la prudence et la modération, à laquelle les responsables du Pentagone n’ont cessé d’inviter le président BIDEN, ont paru singulièrement excessives aux yeux de nombreux chroniqueurs, spécialistes des problèmes de défense, souvent autoproclamés.
Il ne faut pas dénoncer, comme une forme de lâcheté, les réserves que les généraux***** du Pentagone ont émises, sur un engagement trop poussé des États-Unis dans la guerre en Ukraine, mais les saluer comme apportant la preuve de leur grande lucidité. À Paris, sur les plateaux de télévisions on s’est beaucoup moqué, on a beaucoup ri, en évoquant la supériorité dont se vantent les Russes dans le domaine des missiles hypersoniques. Au Pentagone, les missiles hypersoniques russes n’ont jamais fait rire personne.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la guerre en Ukraine est la première guerre de haute intensité à laquelle, par Ukrainiens interposés, les armées de l’OTAN participent.
La Russie, qui devait, selon les stratèges occidentaux, être ruinée économiquement et saignée militairement, a réussi à contourner toutes les sanctions économiques qui lui ont été imposées. Après trois ans de guerre les responsables de l’OTAN mesurent combien ils ont été méprisants, et inconscients de la puissance potentielle mobilisable de cet immense pays.
Dans l’armée russe, comme dans toutes les armées du monde, entre les nombres qui figurent sur les fiches d’inventaires, et les moyens parfaitement opérationnels, qui sont prêts à entrer en activité, à fournir le résultat optimal voulu, il y a souvent un énorme écart. À cette notable différence près que l’armée russe bénéficie d’une profondeur stratégique inégalée, et de ressources naturelles presqu’inépuisables, lui permettant de pouvoir produire en masse et réparer en quantité tout ce dont elle a besoin.
Les Européens ont aujourd’hui l’inconséquence de croire qu’en réunissant toutes leurs forces, si d’aventure les États-Unis les laissaient seuls pour régler leurs problèmes de défenses, ils arriveraient à les résoudre. Ayant perdu pour nombre d’entre eux le sens des réalités, ils ont la faiblesse de croire qu’il suffit qu’ils mobilisent beaucoup d’argent et qu’ils forment rapidement de nombreux soldats, pour pouvoir enfin créer la communauté européenne de défense dont certains rêvent depuis plus de 70 ans.
Les Américains ont dépensé et continuent à dépenser des fortunes pour leur défense. En 2023, le budget militaire des États-Unis a même atteint un nouveau record : environ 916 milliards, soit 3,4 % du PIB américain. Ainsi, les sommes que Washington affecte à la défense représentent plus du tiers (37 %) des dépenses de défense dans le monde entier.
La Chine est deuxième avec 296 milliards de dollars environ 1,7 % de son PIB. La Russie est troisième avec 109 milliards de dollars (l’équivalent de 5,9 % de son PIB). La Russie représente 4,5 % des dépenses militaires mondiales.
Ainsi, les États-Unis consacrent pour leur budget de la défense 2 678 $ par habitant, la Russie et la Chine consacrent pour le leur, réciproquement 744 $ par habitant et 208 $ par habitant.
Malgré cela, l’armée américaine fait de moins en moins peur à ceux qui ont décidé de l’affronter. En regardant sur internet le bulletin spécial n°3 : les forces armées américaines, mis en ligne le 25 mars 2025 sur le site veille stratégique on comprend aisément pourquoi.
Pour trouver des soldats qui puissent physiquement se battre et qui aient la force morale de le faire, les États-Unis sont obligés d’engager de plus en plus d’étrangers. Ceci explique que le niveau de recrutement des jeunes citoyens américains soit si faible physiquement (problème d’obésité généralisée) et intellectuellement (problème lié au wokisme). Les élites américaines ne se précipitent pas dans les centres de recrutement. Si elles ont jamais eu tendance à le faire ?
Soldat est un métier en tension aux États-Unis. Le département de la Défense américain, qui chapeaute les départements de la Marine (US Navy et Corps des Marines), de l’Armée (US Army) et de la Force aérienne (US Air Force et US Space Force), éprouve de plus en plus de difficulté à trouver des jeunes prêts à s’engager.
Soldat : un métier en tension dans toute l’Europe.
En mai 2024, le site ENDERI (ENtreprises DEfense & Relations Internationales) tentait d’expliquer pourquoi les Armées françaises [étaient] en difficulté de recrutement depuis plusieurs années.
Si, en France, le ministère des Armées peine à respecter son schéma d’emplois en raison d’un flux de départs trop important, son homologue britannique connaît une situation encore plus délicate. Et c’est sans doute en partie pour cette raison qu’il a dû se résoudre à annoncer, récemment, le désarmement prématuré des deux derniers navires d’assaut amphibie de la Royal Navy, quitte à poser une hypothèque sur l’avenir du corps des Royal Marines. Le cas de la British Army est encore plus préoccupant.
En Europe, le Royaume-Uni et la France ne sont pas les seuls pays affectés par la désaffection de leurs jeunes pour le métier des armes.
En mars 2024, le journal Les Échos signalait que la Bundeswehr était confrontée à « un énorme problème de personnel », elle aussi : l’armée allemande peine à séduire les jeunes.
En avril 2024, le journal L’Opinion titrait : En Italie, l’armée «n’a pas assez d’hommes» pour faire face à ses engagements.
En mars 2024, dans Le Figaro : Loi sur les trans en Espagne : des soldats changent de genre… pour augmenter leur salaire.
En février 2025, sur le site Euro Créative on apprenait que la Pologne connaît des difficultés de recrutement : alors que la situation démographique du pays reste morose avec un taux de fécondité particulièrement bas, les armées polonaises pourraient ne pas réussir à recruter et fidéliser suffisamment de citoyens pour porter leurs effectifs aux niveaux envisagés : Pologne : la future première armée d’Europe ?
Au début du XXIe siècle, la plupart des pays européens avaient mis fin à la conscription, (service militaire obligatoire). En 2025, on ne compte plus que quatre pays à l’avoir conservée, la Norvège, la Finlande, la Suisse (pays toujours neutre) et l’Autriche (pays toujours neutre), et un pays qui l’a réintroduite en 2016, la Suède. Il faut noter que 4 de ces 5 pays sont restés neutres jusqu’en 2023, année où le Finlande et la Suède ont rejoint l’OTAN. Ceci signifie que, en dehors des militaires professionnels, un nombre très mince d’Européens ont approché une arme dans leur vie. Et moins nombreux encore sont ceux qui ont connu sérieusement l’épreuve du feu. Paradoxalement, c’est dans les pays neutres, notamment en Suisse, où tous les hommes gardent leur arme individuelle à la maison, que le pourcentage d’hommes en arme mobilisables, on pourrait dire sur pied de guerre, est le plus élevé de toute l’Europe. On doit noter que, depuis Napoléon, depuis plus de deux siècles, la Suisse n’a pas été envahie, et n’a cherché à envahir nul autre pays.
L’Union européenne demande aujourd’hui à tous ses pays membres d’augmenter leur budget de la défense, et d’acheter des armes, beaucoup d’armes. En dehors des 5 pays les plus peuplés d’Europe membres de l’OTAN, Allemagne, France, Espagne, Italie, Pologne et Royaume-Uni, qu’elle est l’utilité pour la défense de l’Europe de pousser tous les pays à acheter massivement des armes, les mêmes armes ? Pour en faire quoi ?
Depuis que les Européens ont pris conscience que les États-Unis envisageaient sérieusement de les quitter, ils ne savent plus quoi faire pour les retenir. Surtout ils ne savent plus comment faire face à la menace de la Russie, qu’ils sont les seuls désormais à rester persuadés qu’elle est inéluctable, voire éminente.
Après que le président TRUMP a fait sa déclaration de guerre à la terre entière en matière de droits de douanes, les Européens sont désemparés.
Aujourd’hui, l’Union européenne se retrouve donc face à deux « guerres », sans compter celles que lui font les narcotrafiquants et les islamistes depuis plus d’un quart de siècle, en s’étant évidemment gardés de les lui déclarer. Deux guerres qu’elle est en passe de perdre, faute d’avoir voulu les dénoncer, et faute d’avoir fourbi à temps les armes indispensables pour espérer les gagner.
L’union européenne désarmée moralement
Inédite la pandémie à la covid-19 survenue au début de l’année 2020, inédite l’invasion de l’Ukraine par la Russie au début de l’année 2022, et aujourd’hui inédite la guerre des taxes douanières que le président TRUMP vient de déclarer au monde entier, aux pays les plus fidèles alliés des États-Unis y compris.
Ministre fédérale allemande de la Défense, de décembre 2013 à juillet 2019, la présidente a laissé en quittant son ministère un souvenir impérissable dans les rangs de la troupe, non pas pour les qualités de son administration, mais pour son incompétence en matière de gestion, devenue rapidement légendaire.
Lorsqu’elle a quitté son ministère elle l’a laissé dans le triste état où elle l’avait trouvé. Pendant plus de 70 ans, les Allemands ont réussi la prouesse difficilement dépassable, de dépenser des sommes considérables pour entretenir une armée techniquement et moralement inapte au combat.
Comme tous ceux qui ont présidé avant elle la Commission européenne, Ursula von der LEYEN a été désignée à la suite du commun accord des gouvernements des États membres. Les dirigeants l’ont choisie précisément pour ses capacités à diriger limitées, en espérant pouvoir préserver les compétences qui leur restent, croyant naïvement qu’elle n’était pas du tout taillée pour les déposséder de leurs dernières prérogatives.
C’était sans compter sur ses ambitions cachées, et sans compter sur le désir des Commissaires européens d’élargir sans limite leur pouvoir, en vue de bâtir l’Europe fédérale dont ils n’ont jamais abandonné le projet.
Depuis 2020, et plus encore depuis 2022, bien que les politiques de santé et les politiques de défense relèvent toujours officiellement de la compétence unique de tous les États membres, la Commission européenne plaide pour le regroupement « volontaire obligatoire » des moyens et des forces disponibles de chacun des pays.
A chaque nouvel élargissement de l’Union européenne, les dirigeants ont expliqué que les nouvelles adhésions représentaient une grande chance pour tous les habitants des anciens pays membres, la chance d’appartenir à un club très sélect envié dans le monde entier, la chance de pouvoir faire ses achats dans le plus grand marché du monde, la chance de vivre au « paradis des consommateurs ».
Malgré la crise des subprimes survenue en 2008, à la suite des 4 élargissements faisant passer l’Union européenne, entre 1995 et 2013, de 15 à 28 membres, les dirigeants ont cru pouvoir continuer à faire rêver les Européens d’une Europe puissance, d’une Europe de la paix et de la croissance économique.
Le 5 mai 2016, dans la salle même où fut signé le traité de Rome en 1957, Martin SCHULZ, président du parlement européen, intervint en faisant sensation : «L’Europe est une promesse qui n’a pas été tenue». Il avait compris le premier que le rêve d’Europe était brisé chez de nombreux Européens, notamment chez ceux qui avaient perdu leur emploi, pour cause de mondialisation heureuse.
Le 23 juin 2016, à la question « Should the United Kingdom remain a member of the European Union or leave the European Union? »), les 72 % de votants répondirent à 51,89 % « Quitter l’Union européenne ». C’était la première fois que la population d’un État membre se prononçait en faveur de la sortie de l’Union européenne.
À Bruxelles et à Strasbourg ce fut la stupéfaction. Personne n’imaginait que les Britanniques voteraient comme ils ont voté, et encore moins qu’ils mettraient leur vote à exécution quatre après, en 2020.
Le Brexit fut un signal que les dirigeants Européens ne pouvaient pas entendre en 2016, et ne peuvent malheureusement toujours pas entendre en 2025, car ils restent persuadés que seule la taille critique, que seule la force collective qu’est supposée apporter un groupe, peuvent donner la richesse et conduire à la puissance qui l’accompagne.
Pour quelles raisons l’Islande, le Lichtenstein, la Norvège et la Suisse, pourquoi ces 4 pays ne sont-ils pas devenus membres de l’Union européenne, avant que le Royaume-Uni ne vote de la quitter ? Pourquoi n’envisagent-t-ils toujours pas de le faire ?
À Bruxelles comme à Strasbourg cette question reste souvent sans réponse, à cause de la grande gêne qu’elle provoque. En comparant, dans les tableaux ci-dessous, le PIB par habitant de chacun de ces 4 pays, à la valeur moyenne des PIB par habitant des 27 pays de l’UE en 2021, ainsi qu’à la valeur moyenne des PIB par habitant des 28 pays dans l’UE en 2016, on comprend facilement les raisons d’un malaise chez certaines des personnes interrogées : valeur moyenne des PIB par habitant des pays de l’UE : 32 700 € en 2021 contre 29 000 € en 2016.

On note que le PIB par habitant au Royaume-Uni en 2021 ne s’est pas effondré à la suite du Brexit contrairement à ce que les dirigeants européens pensaient. En 2024, on n’a toujours pas vu l’effondrement annoncé.
On note aussi que les trois premiers pays du classement en 2021 sont régulièrement accusés d’être des paradis fiscaux. Ceci explique sûrement en partie cela.
La Suisse, bien peu regardante pendant de nombreuses années sur l’origine de l’argent déposé dans ses banques, a été un grand paradis fiscal, et le reste en partie. C’est pourquoi les Européens qui la jaugent avec jalousie pensent qu’elle est trop riche pour être honnête.
Les raisons pour lesquelles les Suisses obtiennent tant de succès sont liées à leur culture montagnarde. Ils savent dès l’enfance qu’une cordée trop nombreuse, mal équipée, peu motivée, et mal guidée, a peu de chance d’arriver à gravir de hauts sommets.
Au lieu de regarder les Suisses de haut, en raison de leur faible nombre d’habitants, les dirigeants Européens seraient bien inspirés d’étudier comment un si petit pays peut afficher tant de réussites dans tant de domaines.
La Suisse est une confédération riche de sa diversité linguistique et riche de ses deux grands principes majeurs : votation et subsidiarité. Presque tout le contraire de ce que cherche à faire l’Union européenne depuis le traité de Maastricht.
Le pays et l’Union européenne entretiennent des relations étroites compte tenu de leur histoire commune et de la géographie, notamment des relations économiques, objets de nombreux accords bilatéraux. La Suisse répond à de nombreuses exigences de l’UE, pour avoir accès au grand marché européen, mais elle n’a jamais voulu cesser de contrôler les marchandises qu’elle importe, ceci explique pourquoi le pays n’a jamais conclu d’union douanière avec l’Union européenne. La Suisse est une exception au milieu de l’Europe.
Dans le tableau complet des droits de douanes imposés par les États-Unis on note qu’il est prévu 31 % pour la Suisse, pour le Royaume-Uni seulement 10 %, et 20 % pour l’Union européenne. À Washington aussi la Suisse est une exception.
En novembre 2024, l’industrie représentaient en Suisse près de 25 % du PIB, presque trois fois plus qu’en France. L’agriculture qui représente moins de 1 % arrive à garantir l’autosuffisance alimentaire du pays pour de nombreux produits. Au cours des siècles les Suisses ont appris l’importance de la souveraineté alimentaire, c’est pourquoi il veille à la sauvegarder le plus possible. Pas question d’importer des pommes produites à l’étranger alors que les pommes suisses risqueraient de rester invendues.
L’histoire de la Suisse sous domination française, a vacciné ses habitants de l’envie de faire partie d’un grand empire. Il garde très présent à l’esprit qu’il vaut mieux un petit chez soi qu’un grand chez les autres.
En France, le site du ministère de l’économie et des finances rappelle fièrement que le marché unique européen est le plus grand marché au monde.
Sur le site officiel de l’Union européenne on peut lire que l’UE est une des plus grandes économies au monde.
On peut craindre qu’il faille écrire bientôt l’UE était une des plus grandes économies au monde.
En effet, en 2008, la zone euro et les États-Unis avaient un produit intérieur brut (PIB) à prix courants équivalent de 14 200 milliards et 14 800 milliards de dollars respectivement (13 082 milliards et 13 635 milliards d’euros). Quinze ans après, celui des Européens était à peine au-dessus de 15 000 milliards, tandis que celui des États-Unis s’était envolé à 26 900 milliards.
L’auteur de la chronique publiée le 5 septembre 2023 qui apportait ces informations, Arnaud LEPARMENTIER, correspondant du journal Le Monde à New York, avait titré son article « L’écart de PIB est désormais de 80 % entre l’Europe et les États-Unis » et l’avait sous-titré « L’Europe décroche depuis le Covid-19, comme elle le fait après chaque crise ».
Ce qui signifie, si on sait lire ce qui est écrit, que l’Union européenne n’est pas armée, ou est mal armée, pour traverser les crises.
On pouvait trouver dans l’article mis en ligne sur le site toutel’europ, avant l’arrivée de Donald TRUMP à la Maison Blanche, quelques raisons de se rassurer : [Comparatif] UE/États-Unis : forces et faiblesses de deux géants économiques. Mais depuis le 3 avril, depuis que le président des États-Unis a déclaré une guerre économique mondiale, qui semble dirigée contre les concurrents européens en priorité, on ne peut que s’inquiéter.
À chaque nouvelle crise les dirigeants européens reproduisent le même discours rassurant, qui à force d’être entendu devient de moins en moins de nature à rassurer. Des discours quasi identiques faits pour relativiser les difficultés et les échecs, contenant des arguments qu’on peut résumer en quelques mots : si chacun des pays avait dû affronter seul les problèmes que pose cette crise, il y aurait forcément moins bien répondu, car une crise grave ne peut se régler efficacement qu’au niveau de l’Union européenne. Et d’ajouter, aucun pays n’est de taille à faire face seul.
1° Pour créer leur grand marché les Européens ont accueilli des pays d’autant plus enclins à adhérer à l’Union européenne qu’ils recevaient de l’argent pour le faire. L’Union européenne est ainsi le seul club sélect qui non seulement n’a pas fait payer leur entrée à certains nouveaux membres, mais leur a offert beaucoup d’argent s’ils consentaient à le faire.
2° Le principe qui prévaut dans le cas de l’UE est le principe de l’égalité entre les États, quel que soit le poids politique ou économique de ces États. Ce principe vise à empêcher le retour au rapport de force qui a dominé les relations intra-européennes auparavant.
3° L’Instrumentalisation de la notion d’État de droits et le dévoiement des droits de l’homme dans l’Union européenne ont permis aux groupes mafieux et aux trafiquants d’imposer leur loi, après avoir annihilé le travail de policiers épuisés et de juges submergés.
Pour ces trois raisons, plus l’Union européenne s’est élargie, croyant se renforcer, plus elle s’est affaiblie, devenue de moins en moins apte à affronter les crises.
La taille critique, un concept piégé économiquement, mais bien plus encore politiquement, diplomatiquement et militairement.
La question que Henry KISSINGER posait avec ironie il y a 55 ans : « L’Europe, très bien, mais quel numéro de téléphone ?» reste plus que jamais d’actualité. Il suffit de la formuler en ajoutant juste un mot : L’Europe, .., mais quel numéro de téléphone portable ?
Crise économique des plus délicates : En ce qui concerne les droits de douanes, l’Union européenne a annoncé qu’elle ne voulait négocier avec l’administration des États-Unis que d’une seule voix, au nom des 27 États membres. Il est malheureusement fort improbable que les plus grands groupes qui ont maintenu leur siège social en Europe délèguent leur pouvoir de négociation à quiconque. Les 27 pays ont des intérêts si divergents qu’il sera sûrement facile à l’administration américaine de diviser pour gagner. L’Allemagne, la France et l’Italie, les trois principaux pays de l’UE, membres du G7, auront les plus grandes difficultés à négocier de concert. Il sera encore bien plus difficile pour les 24 autres pays de l’UE d’essayer de défendre au mieux leurs intérêts.
Coup théâtre et coup de tonnerre, le mercredi 9 avril, en décrétant une trêve, (un sursit ?), de 90 jours avant de mettre en application les taxes douanières « rock ‘n’ roll » qu’il venait d’annoncer, Donald TRUMP a une nouvelle fois affolé les spéculateurs du monde entier qui ne savent plus du tout à quelle bourse se vouer. Les Européens sont totalement déboussolés. Habitués à imiter les dernières lubies économiques inventées aux États-Unis, ils sont perdus. Les déclarations des prix Nobel d’Économie, qui ne sont pas d’accord entre eux, ne sont pas faites pour les rassurer.
Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques, en mémoire d’Alfred NOBEL, communément surnommé « prix Nobel d’économie », est une distinction qui récompense chaque année, une ou plusieurs personnes, pour leur contribution exceptionnelle dans le domaine des sciences économiques.
Créé et doté par la Banque de Suède en 1968, à l’occasion de son 300e anniversaire, le prix fut décerné pour la première fois en 1969, soit 68 ans après les 5 premiers prix.
L’existence et l’intitulé de ce prix, (sciences économiques), sont toujours très discutés. Car, parmi la centaine de personnes récompensées depuis 1969, on compte trois quarts d’Américains, et une énorme proportion d’économistes indéfectiblement partisans de l’économie néolibérale.
En 2024, le budget des États-Unis était estimé à 6 750 milliards de dollars, et la dette publique de l’État fédéral estimée à 35 294 milliards de dollars. Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, l’État le plus « nobélisé » en Économie est le plus mal géré. On peut noter que ce pays qui compte aussi le plus de prix Nobel de Médecine par habitant, qui dépense le plus pour la santé, obtient en terme de santé publique, les résultats parmi les plus médiocres des pays développés.
La Médecine est une science à part, très à part. Au-delà des erreurs médicales les plus grossières, on sait que la Médecine n’est pas une science exacte, et qu’elle ne peut pas l’être. Tous les traitements ont des effets secondaires, et ces effets secondaires varient selon les patients.
De même, les sciences économiques n’ont de sciences que le nom. En Chimie ou en Physique quand on reproduit exactement le même protocole, en respectant strictement les mêmes conditions, on obtient le même résultat.
En Économie, comme en Médecine, il est impossible de répondre à ces exigences. Chaque patient a un patrimoine génétique et un dossier médical singulier. De même, chaque pays a une histoire, une géographie, une démographie, une culture, ainsi qu’un niveau de développement scientifique et industriel, qui imposent à ses dirigeants de faire preuve de beaucoup de discernement. La politique économique d’un État impose d’être faite sur mesure, elle ne peut se satisfaire de prêt à porter.
Le lendemain de la chute du Mur de Berlin, et plus encore après la fin de l’URSS, tous les Occidentaux, à l’image des Américains, se sont pris à rêver que l’heure, tant attendue, du doux commerce chère à MONTESQUIEU, était enfin arrivée.
Regardant attendris, la carte mondiale des routes maritimes et celle des vieilles voies marchandes, les partisans de la mondialisation commerciale ne doutaient pas qu’elle serait heureuse, et qu’elle serait vertueuse.
Pascal LAMY, commissaire européen pour le commerce de 1999 à 2004 et directeur général de l‘Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013, pourrait être traduit devant les tribunaux pour haute trahison et pour intelligence avec l’ennemi, tant ses décisions furent finalement désarmantes, au sens propre du terme, pour l’économie, l’industrie, et la défense de l’Union européenne.
Totalement inconséquents, en délocalisant massivement les industries qui avaient fait leur richesse, les Occidentaux, qui pensaient présomptueusement pouvoir tirer indéfiniment les ficelles de la globalisation à leur profit, ont offert aux peuples humiliés et colonisés la revanche que certains attendaient depuis plusieurs siècles.
Alors que tous les bons historiens savent que la guerre commerciale mène presque toujours à la guerre tout cours, les Européens ont cru naïvement que, abrités sous le parapluie nucléaire américain à des coûts défiant toute concurrence, ils allaient pouvoir continuer à bâtir le plus grand marché du monde, en achetant à tous ceux qui vendaient aux meilleurs prix.
Il aura fallu la crise de la covid-19 et la crise ukrainienne pour que les Européens réalisent enfin qu’ils avaient fait fausse route, une fois encore au sens littéral du terme. Plus un grand marché de revendeurs que vendeurs, l’Union européenne est devenue de plus en plus dépendante de la sureté de ses voies d’approvisionnement, notamment en énergie, et de celles de la bonne circulation des produits qu’elle fabrique encore.
L’Allemagne a perdu la Première et la Seconde Guerre mondiales faute d’avoir pu aller chercher, par voie terrestre, les ressources dont son économie avait un besoin vital. Au XXIe siècle, les Anglosaxons ont tout fait pour empêcher la Russie de tracer les routes maritimes et terrestres qui puissent leur faire trop de concurrence.
En 1914, la guerre était perdue pour l’Allemagne avant qu’elle ait commencée si la route de Bagdad venait à lui être coupée, en 1939, Adolf HITLER avait perdu la guerre avant de l’avoir commencée si ses armées ne pouvait aller jusqu’à Bakou, en 2025, la Russie veut tracer sa route vers Bombay, avec ou sans l’aide des États-Unis. Cette nouvelle possibilité pour la Russie de rejoindre les mers chaudes, obsession multiséculaire des dirigeants russes, passe par l’Iran. Il n’y a que les Européens qui semblent ne l’avoir pas encore compris.
Quand le « doux commerce » peut vite tourner à des conflits

L’avenir de Berlin passait par Bagdad
Première Guerre mondiale

L’avenir de Berlin passait par Bakou
Deuxième Guerre mondiale

Saint Pétersbourg – Moscou – Bombaï
Par où passe l’avenir de Moscou ?
L’UE : une vieille, endormie sur ses lauriers, qui rêve encore de gloire.

1914 : en 3 mois, les Européens ont mis le feu à la terre entière

1914 : engagé volontaire pour 3 ans à l’âge 41 ans

2025 : Personnalités politiques âgées de moins de 55 ans, parmi les plus déterminées à stopper, voire repousser, l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
L’âge moyen des soldats ukrainiens est actuellement de 43 ans, alors qu’il était de 33 ans en mars 2022. De très nombreux soldats au front sont âgés de plus de 55 ans.

16 mars 1989

11 juin 1986

mars 1985

mai 1983

décembre 1980

octobre 1979

janvier 1978

juin 1977

décembre 1977

juillet 1975

novembre 1972

avril 1970
