N° 126 En 1966, Habib BOURGUIBA invite les Tunisiennes à ôter leur voile.

Ce geste a donné aux femmes tunisiennes un goût certain pour la liberté de penser.

L’émancipation de la femme tunisienne est bien illustrée par les images diffusées en janvier 1968 dans l’émission de télévision  «Les femmes aussi » (vidéo ci-dessous).

Journée de la femme du 13 août 1966, Habib BOURGUIBA (1903-2000), président de la Tunisie depuis 1957, s’avance vers la foule et ôte aux femmes leur sefsari. Artisan de l’indépendance tunisienne et instaurateur du Code du statut personnel, BOURGUIBA bénéficie d’une légitimité populaire suffisante pour s’autoriser ce geste transgressif. Ses réformes en faveur des femmes lui ont valu à l’époque une condamnation à mort du grand mufti d’Arabie Saoudite, et lui valent encore aujourd’hui une détestation féroce de la part des musulmans les plus intégristes.

BOURGUIBA a pu se glorifier, a juste titre, de son action pour l’émancipation des femmes. Par son geste du dévoilement, médiatique et prémédité, BOURGUIBA s’est mis en scène comme le plus résolu des artisans de l’émancipation féminine, en terre d’islam.

L’historienne Sophie BESSIS se souvient encore d’avoir entendu, enfant, des femmes répliquer à un mari tyrannique: « Un mot de plus et je vais chez BOURGUIBA ! » Par son geste, BOURGUIBA a provoqué d’indéniables avancées, qui ont permis aux femmes tunisiennes d’acquérir une  liberté de penser et de s’exprimer tout à fait impensable dans la plupart des pays musulmans.

Faouzia Farida CHARFI, militante de la première heure dès la présidence de
Habib BOURGUIBA, est physicienne et professeur à l’Université de Tunis.
Malheureusement, soixante-deux ans après les premières lois progressistes, en Tunisie les femmes héritent toujours de la moitié de la part de leurs frères. « Rétrograde, injuste, misogyne », s’insurgent les féministes. « Une loi immuable directement inspirée du Coran », réplique la société conservatrice et patriarcale.
[Le 28 octobre 2019, 15 H35, P. E., Nice] : Pour voiler certaines Tunisiennes, il faut commencer par les attacher !