N° 405 Obsèques de la reine Élizabeth : les « experts » à la peine.

Les cérémonies et les manifestations qui se sont déroulées dans le Royaume-Uni pendant une dizaine de jours ont donné à de nombreux journalistes l’occasion d’étaler les failles de leur culture et de leur savoir.

Les cérémonies qui se sont déroulées le jour des obsèques de la reine du Royaume-Uni et du Commonwealth ont été retransmises dans presque tous les pays du  monde. En France 6 chaînes d’information ont diffusé en direct les images officielles de l’événement.

En choisissant de regarder France 2, la télévision d’État, on pouvait espérer que les journalistes et les invités, censés être de grands spécialistes, seraient particulièrement attentifs à la précision et la rigueur de leurs propos.   

Les commentateurs étant obligés d’expliquer des images pendant plus de 7 heures, on ne peut leur reprocher des inexactitudes inévitables dans le flot de leurs paroles.

Par contre, on doit déplorer les informations fantaisistes que de vrais connaisseurs des sujets évoqués, n’auraient bien sûr pas données.

Problème 1

À au moins trois reprises, on a entendu que le roi Charles III, lorsqu’il était prince de Galles, avait la courtoisie de parler aux Gallois aussi dans leur langue traditionnelle : le gaélique (sic).

Or, problème, le gallois n’est pas une langue gaélique.

Les langues gaéliques ou goïdéliques forment un rameau des langues celtiques insulaires, distinct du groupe des langues brittoniques. Elles comprennent : l’irlandais ; le gaélique écossais, à ne pas confondre avec le scots, langue germanique ; le mannois ou manxois, langue de l’île de Man

Le gallois est une langue du groupe celtique insulaire de la famille des langues indo-européennes, proche du cornique et du breton, avec lesquelles il forme la branche dite brittonique des langues celtiques.

Problème 2

À plusieurs reprises, les commentateurs ont insisté sur le poids très lourd du cercueil plombé de la reine, expliquant pourquoi il fallait huit hommes pour le porter, au lieu de six habituellement.

Il est facile de trouver sur internet pourquoi le cercueil d’Elizabeth II est doublé de plomb. Par contre le poids de son cercueil plombé ne semble pas préoccuper beaucoup les journalistes. Pourtant on peut facilement le calculer.

Sachant que le plomb a une densité de 11,33g/cm3, que la surface totale de feuille de plomb utilisée pour couvrir le cercueil est environ de 40 000 centimètres carrés, et que son épaisseur est de 0,5 centimètre, on peut estimer le poids du cercueil plombé vide à 250 kilogrammes et son poids avec la dépouille de la reine à moins de 320 kilogrammes.

Pris par l’ambiance particulière qui règne dans les médias depuis la mort d‘Élizabeth II, où chaque jour les Britanniques étonnent le monde en battant des records, les commentateurs on attribué au cercueil plombé de la reine un poids d’exception, propre à faire sensation : une tonne.

Que dans l’exaltation de l’instant, un commentateur attribue une fois au cercueil de la reine un poids improbable n’est pas grave du tout.  Par contre, que dans l’équipe des invités aucun ne s’offusque de l’énormité du chiffre avancé, et, qui plus est, que la valeur d’une tonne soit répétée plusieurs fois laisse rêveur.

Un cercueil d’un poids de 320 kilogrammes, comme nous l’avons évalué, représente avec huit porteurs une charge de 40 kilogrammes pour chacun.

Par contre, un poids d’une tonne représente pour chacun des huit porteurs une charge de 125 kilogrammes.

En regardant les vidéos, ou les simples photos ci-dessous, on peut faire deux observations :

1° Parmi les commentateurs aucun ne connaissait la règle de trois.

2° S’il en est un qui savait la faire, il ne mesurait pas, faute d’expérience, qu’aucun homme ne peut porter 125 kilogrammes à bout de bras, comme on le voit sur les photos prises à Windsor.

19 septembre, entrée du cercueil à Westminster Abbey

19 septembre, arrivée du cercueil devant la chapelle du château de Windsor

Les deux remarques que nous soulevons dans cet article ont un côté dérisoire et mesquin. Ces remarques doivent malheureusement cependant être faites, car les petites erreurs que l’on voit sont souvent accompagnées de graves erreurs que l’on ne perçoit pas.

Un expert qui se trompe n’est plus un expert.

[Le 20 septembre 2022, 14 H25, M. G., Beauvais] : Le site nouvellefr.com a mis en ligne avant l’enterrement de la reine un article intitulé : Pourquoi le cercueil de la reine est-il plombé ? Combien pèse le cercueil et la tradition royale expliquée. Au paragraphe, Combien pèserait le cercueil de la reine ? on lit : Selon Le temps huit porteurs militaires seront nécessaires pour porter le cercueil de la reine le jour des funérailles nationales. Il a été rapporté que le cercueil pèserait entre 250 kg et 317 kg.

Mes félicitations pour l’estimation de 320 kg que vous avez faite.

[Le 20 septembre 2022, 11 H00, J-M. R.,  Alet-les-Bains] : Comme je n’ai pas beaucoup regardé la cérémonie des obsèques de la reine ni encore moins écouté les commentaires plus ou moins avisés des journalistes et « experts » de service, je n’ai pas entendu ces citations sur le poids exagéré et irréaliste du cercueil. J’ai simplement constaté que les Britanniques savent faire de tout évènement lié à la famille royale – y compris post mortem – un élément majeur de communication mondiale pour rehausser leur prestige. Très fort ! Nos médiocres présidents de la république – morts ou vifs – ne sauraient prétendre au même résultat pour rehausser l’image de la France. Hélas !

[Le 19 septembre 2022, 16 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Tout le poids de l’Histoire !