N° 068 Un ancien étudiant de SupAgro Montpellier à la tête de la Roumanie ?

Les jeunes Roumains rêvent-ils de prendre le train « En marche » ?

En lisant l’article concernant les futures élections européennes en Roumanie publié dans Le Monde d’aujourd’hui, on apprend que Dacian CIOLOS, ancien étudiant à SupAgro Montpellier, ( doctorat en économie du développement agricole de 2000 à 2005), ancien ministre roumain de l’Agriculture et du développement rural (11 octobre 2007 – 22 décembre 2008),  ancien Commissaire européen à l’Agriculture et au développement rural (10 février 2010 – 1er novembre 2014), ancien premier ministre roumain (17 novembre 2015 – 4 janvier 2017),  et nous l’espérons, toujours ami d’ICEO, est devenu le leader de la récente alliance USR – PLUS (Partidul Libertății, Unității și Solidarității), qui vise à rien moins que d’écarter du pouvoir les partis corrompus qui dirigent alternativement la Roumanie depuis la mort de Nicolaï CEAUCESCU ( bientôt 30 ans).

Avant de lire l’article du Monde reproduit ci-dessous, nous vous invitons à découvrir, ou à retrouver, un grand moment d’amitié partagé.

Dacian CIOLOS, ancien ministre de l’Agriculture de Roumanie, depuis le 23 décembre 2008, et Valérie, son épouse, sont venus passer quelques jours à Montpellier, fin janvier, en visite privée. A cette occasion Dacian a aimablement accepté de participer à un entretien libre, organisé par ICEO, dans la salle de conférences de l’Unité mixte de recherche MOISA (marchés, organisation, institutions et stratégies d’acteurs) sur le campus de Montpellier SupAgro.

Dans son exposé introductif, Dacian a d’abord rendu hommage à ses professeurs de Montpellier. Il a rappelé que lors de son DEA à l’Agro, dirigé par le Professeur Jean-Marie BOISSON, il avait, en exercice fictif, participé à un « Conseil des Ministres européens » et que, s’en étant souvenu, il était passé des travaux pratiques à l’exercice réel, en tant que Ministre de l’Agriculture du Gouvernement roumain.

Après avoir présenté la particularité de l’Agriculture roumaine, duale, avec de grandes exploitations de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’hectares et de micro exploitations de subsistance de quelques ares ou hectares le conférencier a répondu aux nombreuses questions de l’assistance.

A l’issue du débat, Dacian et Valérie ont partagé le repas traditionnel, au restaurant Saint Éloi, qui était alors la « cantine » de l’Association, avec tous les responsables et amis d’ICEO qui avaient pu se libérer.

Étienne MONTAIGNE, Dacian et Valérie CIOLOS, et Jean-Marie BOISSON

Jean BARCIET, Dacian et Valérie CIOLOS

Gérard MICLET , Alain POULIQUEN, Dacian et Valérie CIOLOS

Décrit par les médias locaux comme une sorte de MACRON roumain, le leader de la récente alliance USR-PLUS, Dacian CIOLOS, redonne espoir à la jeunesse d’un pays gangrené par la corruption.

Par Mirel BEAN (Bucarest, correspondant),  le 29 avril 2019

A l’occasion des élections européennes, ils ont décidé de dire « assez » à une classe politique qu’ils jugent obsolète. Trente ans après la chute de la dictature communiste, les jeunes Roumains ont redécouvert le goût de la chose publique en investissant la rue afin de rassembler les 200 000 signatures dont un parti a besoin pour entrer dans la course. Principal bénéficiaire de cette mobilisation : l’alliance USR-PLUS, qui rassemble deux jeunes formations soudées par l’idée d’assurer à la Roumanie un avenir européen. « Nous avions ciblé 300 000 signatures pour montrer qu’on pouvait faire plus, affirme Dacian CIOLOS, figure emblématique de ce nouveau mouvement. Mais finalement on s’est retrouvés avec 520 000 signatures » – le pays compte 19 millions d’habitants.

Premier ministre d’un gouvernement technocrate éphémère de novembre 2015 à janvier 2017, Dacian CIOLOS, âgé de 49 ans, a commencé sa carrière en cultivant sa passion pour la terre au lycée agricole de Simleu Silvaniei, au nord-ouest de la Roumanie. En 2000, il se retrouve en France, sur les bancs de l’École nationale supérieure agronomique de Montpellier, où il soutient sa thèse. Puis, sept ans plus tard, il devient ministre de l’agriculture avant de prendre, trois ans plus tard, le poste de commissaire européen à l’agriculture et au développement rural sous le mandat de José Manuel BARROSO. Aujourd’hui, il incarne l’espoir d’une jeune génération qui rêve de changer la politique, une sorte d’« En marche » version roumaine. « En Europe, à l’Ouest comme à l’Est, on attend un renouveau, dit-il. Les gens ne se positionnent plus à gauche ou à droite. Ce n’est plus l’idéologie qui apporte des réponses. Le mouvement En marche a démontré qu’un tel changement politique est possible. Reste à savoir s’il parviendra à mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires. »

Une alliance issue de nulle part

Dacian CIOLOS, le nouveau MACRON de l’Est ? C’est en tout cas ainsi qu’il est perçu par les médias de son pays. Il se retrouve aujourd’hui à la tête d’un mouvement composé de deux partis : le sien, le Parti de la liberté, de l’unité et de la solidarité (PLUS), et l’Union Sauvez la Roumanie (USR). Née en 2015 d’une association qui militait pour préserver le patrimoine de Bucarest, l’USR avait obtenu 8 % des voix aux élections législatives de 2016. En février dernier, elle s’est alliée au PLUS, tout juste fondé, en décembre 2018, par Dacian CIOLOS. D’après les sondages, cette alliance issue de nulle part pourrait remporter jusqu’à 20 % des suffrages aux élections du 26 mai. « J’aimerais que les hommes politiques roumains contribuent à la renaissance de l’Europe, affirme CIOLOS. Le président MACRON m’a permis de comprendre que l’on peut changer un pays, mais la réaction des “gilets jaunes” nous montre que les réformes ne peuvent pas s’appliquer si les citoyens n’y adhèrent pas. »

Dans un pays gangrené par la corruption et le ras-le-bol de la politique, les jeunes retrouvent un peu d’espoir. En quatre mois, 12 000 Roumains ont rejoint les troupes de PLUS. Ils s’ajoutent à ceux qui, en 2016, avaient permis à l’USR de faire une percée au Parlement. « L’alliance USR-PLUS est l’alternative au système du parti-État qui est en place depuis trente ans, affirme Clotilde ARMAND, vice-présidente de l’USR et candidate en position éligible aux prochaines élections européennes. Dacian CIOLOS peut changer la donne, comme MACRON l’a fait. La seule différence est que le chef de l’État français est perçu comme faisant partie de l’élite, tandis que CIOLOS est un homme qui porte en lui les racines de la campagne roumaine. »

[Le 29 avril 2019, 19 H05, P. B., Notre-Dame de Londres] : ICEO et la Roumanie, une Histoire de trente ans. Trente ans c’est long !