N° 389 Un entretien du 25 juin 2020, qui éclaire la crise en Ukraine d’une façon peu « orthodoxe »

Entretien avec Annie LACROIX-RIZ, professeur émérite

 

Solidarité lucide éclairée par l’Histoire !

Pour arrêter un drame il faut en connaître les ressorts profonds

 

«Celui qui ne connaît pas l’Histoire est condamné à la revivre

Karl MARX (Manifeste du partie communiste.(1847) …

Les Européens sont aujourd’hui d’abord culturellement désarmés

En consultant la liste des interventions militaires des États-Unis dans le monde depuis leur création, c’est-à-dire la liste de l’implication des États-Unis dans le bouleversement politique des États, on trouve toutes les sortes de justifications, morales imaginables.

Dans les démocraties occidentales, grâce à la méconnaissance grandissante de l’Histoire internationale des populations, et surtout grâce au savoir-faire renouvelé de propagandistes de grand talent et de grande imagination, les opinions publiques restent très majoritairement perméables aux discours officiels de leurs responsables politiques et militaires, avant enfin, et souvent très tard, trop tard, que les yeux s’ouvrent devant l’aveuglante réalité.

Par contre dans le reste du monde, les peuples ont appris à faire une lecture fort différente des déclarations des responsables politiques occidentaux et ils ne sont plus du tout ignorants de la duplicité systémique de leurs discours.

Ils ont compris depuis fort longtemps que les pays occidentaux ne condamnaient solennellement les régimes dictatoriaux ou simplement autoritaires, et prenaient des sanctions économiques et militaires contre eux, non pas comme ils le proclament, pour de hautes raisons morales et humanitaires, mais pour de triviales raisons économiques.

Malheureusement, les Occidentaux ont la grande folie de se croire encore les seuls maîtres du monde! [article N° 385].

ATTENTION, ATTENTION …

La richesse historique et potentielle de l’Ukraine est aujourd’hui connue du monde entier. En Chine, en Inde, en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud, personne de cultivé et de sensé ne peut croire que les Américains, qui viennent de quitter l’Afghanistan, dans les conditions que l’on sait, « soutiennent  soudainement » la résistance ukrainienne par pure bonté d’âme.

Le camp du bien contre le camp du mal?

Population  (2020) : 331 449 000

Superficie :   9 834 000 kilomètres carrés

Seconde Guerre mondiale % de morts par rapport à la population de 1939 :

0,32 %

Population (2020)  : 146 170 000

Superficie :   17 100 000 kilomètres carrés

Seconde Guerre mondiale % de morts par rapport à la population de 1939 :

> 13 %

Au cours de laSeconde Guerre mondiale la Russie a déploré au moins 40 fois plus de mort en pourcentage de sa population que les États-Unis.

Un pacte germano-soviétique revisité par POUTINE

et par Annie LACROIX-RIZ, une historienne et militante politique.

Ses publications, tant sur la période 193945 que sur le régime stalinien en URSS, ont entraîné diverses polémiques. En écoutant l’entretien ci-dessous on comprend pourquoi.

Connue pour son engagement politique, elle est membre du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), petit mouvement se réclamant du « marxisme-léninisme ».

Réponse de Annie LACROIX-RIZ, professeur émérite d’histoire contemporaine de l’Université Paris VII Le Pecq,

Déclenchement de la 2e Guerre Mondiale : vérités gênantes pour l’histoire «officielle»

[Le 28 avril 2022, 18H 00, JM. R. Alet-les-Bains] Pour ma part, c’est depuis la fin de l’URSS et le refus systématiquement opposé par les USA servilement suivis par l’Europe aux propositions de partenariat d’abord faites par GORBATCHEV puis plus tard par POUTINE qu’il est clair que l’objectif n’était pas de permettre une réconciliation de la plus large Europe au mieux de ses intérêts, mais d’empêcher la renaissance de la Russie.

Même sortie du communisme : maintien de l’OTAN en dépit de la disparition du Pacte de Varsovie ; son extension à tous les États qui en étaient libérés malgré les assurances, certes verbales faites à GORBATCHEV ; plus tard, refus du partenariat avec la Russie pour le sauvetage de l’Ukraine au bord de la banqueroute en 2013 ; large soutien en sous-main à la révolution Orange puis au coup d’État du Maïdan par tous les relais américains, avec un lourd financement finalement reconnu par Victoria NULAND, sous-secrétaire d’État U.S. pour l’Europe et l’Eurasie.

Depuis lors, il était clair que l’Ukraine, avec sa dimension et son potentiel économique, était un gros poisson qu’il fallait prendre dans le filet en plus du plus menu fretin déjà accaparé. On a donc assisté (même s’il fallait vouloir le voir) à une contribution active au réarmement ukrainien tout en l’incitant à adhérer au pacte occidental au lieu de lui suggérer la solution de neutralité internationale que sa composition démographique et son positionnement géographique rendaient la plus conforme à ses intérêts.

Lors de la révolte d’une partie du Donbass russophone contre la décision de supprimer le russe des langues officielles du pays, aucune objection à l’envoi des troupes les plus dures combattre la sécession au lieu d’une incitation à transiger ; puis aucun soutien à l’application des accords de Minsk 2 qui auraient mis fin à cette guerre civile au Donbass, mais au contraire incitation aux provocations qui ne pouvaient qu’entrainer la Russie à réagir plus violemment après ses avertissements répétés à ne pas franchir la ligne rouge.

Certes, c’est donc la Russie qui a déclenché la guerre avec tous les dégâts humains et matériels qu’elle entraine, mais tout a été fait, sciemment, pour la pousser dans le piège. Et maintenant, la montée progressive en puissance de l’armement fourni à l’Ukraine montre clairement la volonté de faire durer cette guerre le plus longtemps possible, avec l’objectif d’épuiser la Russie et de lui faire perdre la face.

Dans cette perspective, les destructions et les morts en Ukraine comptent peu et ZELENSKY, si fortement célébré en Europe pour son courage de chef de guerre champion de la communication distribuant les bons et les mauvais points aux États tiers, apparait comme une marionnette poussée au jusqu’au-boutisme par des intérêts dont les objectifs de moins en moins masqués ne sont plus de sauver son pays martyrisé de la ruine, mais de ruiner l’adversaire de toujours sur le terrain de l’Europe. Au risque d’un cataclysme généralisé en poussant le bouchon trop loin. »

[Le 27avril 2022, 16 H35, ICEO, Montpellier] : Notre ami Andreï GRATCHEV a mis sur sa page Facebook le lien vers l’article suivant : The horrible dangers of pushing a US proxy war in Ukraine – Responsible Statecraft  un article lucide, d’Anatol LIEVEN, analyste politique et journaliste britannique,  sur les objectifs de moins en moins cachés de la guerre en Ukraine, à contre-courant de tout ce que la presse dominante nous propose.

[Le 26avril 2022, 15 H35, A. M., Lille] :  Dommage que les Européens n’aient pas écouté l’entretien de Madame LACROIX-RIZ