N° 462 Peut-on reprocher à E. MACRON de ne pas avoir agi comme F. HOLLANDE en 2015 ?

 Emmanuel MACRON devait-il participer à un simulacre de manifestation comme François HOLLANDE le fit le 11 janvier 2015 ?                               Manifester réellement peut être, mais faire semblant surement non !

Craignant que les crimes commis par le Hamas près de Gaza et la violence de la réponse de Tsahal à ces horreurs ne provoquent de graves affrontements interethniques et/ou interreligieux dans une France de plus en plus cosmopolite et multiconfessionnelle, le président du Sénat, Gérard LARCHER, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël BRAUN-PIVET, ont appelé le mardi 7 novembre à participer à une «grande marche civique» contre l’antisémitisme dimanche après-midi à Paris.

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, dimanche 12 novembre 2023, les rassemblements organisés à travers tout le pays ont rassemblé près de 182 000 personnes.

Comparés aux chiffres de précédentes manifestations, ce nombre modeste de participants est révélateur de la peur du terrorisme islamisme qui tend à tétaniser de plus en plus les Français.

« Unis contre le terrorisme », le 11 janvier 2015, après les attentats contre « Charlie Hebdo » et l’Hyper Cacher, près de deux millions de personnes avaient défilé à Paris et en France avec un même cri de ralliement « Je suis Charlie ».

 Viennent ensuite François HOLLANDE et les chefs d’États invités, …

Retour sur une journée historique. On peut lire dans l’article qui accompagne la vidéo de l’INA :
Quelques jours après les attentats, par un beau dimanche ensoleillé, une marche républicaine est organisée suite à la vague d’attentats qui vient d’ensanglanter Paris (Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes). La foule est tellement massive que la manifestation doit être divisée en plusieurs cortèges : les familles des victimes et les blessés en tête. Viennent ensuite François HOLLANDE et les chefs d’États invités, derrière eux, les responsables des différentes communautés religieuses, marchant côte à côte. Enfin, le million et demi de Français venu rendre hommage aux disparus, apporter leur soutien aux victimes et affirmer un mot d’ordre unique repris sur toutes les pancartes : « je suis Charlie. Je suis un flic. Je suis Juif. »
Ce récit est émouvant mais il est factuellement inexact. Car, contrairement à ce qu’ont voulu faire accroire les rédacteurs du texte, le président HOLLANDE et les chefs d’États invités n’ont participé à aucun cortège, ils ont même fait prudemment « cortège à part », complètement à part, pour de bien compréhensibles raisons de sécurité.

« Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » Cette recommandation que Charles PÉGUY a écrite dans Notre Jeunesse, a été délibérément ignorée en 2015 par la quasi totalité des journalistes français et européens, qui auraient dû pourtant être déontologiquement les premiers à s’efforcer de la suivre.

Alors que La MédiaLettre 13 mise en ligne le 16 mars revenait longuement sur les conditions dans lesquelles la manifestation du dimanche 11 janvier à Paris s’était réellement déroulées, L’envers de la Marche républicaine : ils y ont pris part… à part !, pratiquement aucun des journalistes témoins de l’événement n’a cru devoir revenir sur la réalité des faits.

Les journalistes continuent même à diffuser des images et des vidéos accompagnées du même message mensonger, laissant à penser que le président François HOLLANDE avait « courageusement » marché avec la foule, au milieu de la foule, comme Charles de GAULLE le 24 août 1944, ou comme François MITTERRAND, le 14 mai 1990, après les profanations de Carpentras.

Un rêve : 50 chefs d’États manifestant avec 2 millions de Français ?

François HOLLANDE entre Benjamin NETANYAHU (Israël), Ibrahim Boubacar KEÏTA, à sa droite droite,

et Angela MERKEL, Donald TUSK, et Mahmoud ABBAS (Palestine), à sa gauche.

Un rêve : 50 chefs d’États manifestant contre le terrorisme au milieu de 2 millions de Français ?

Une réalité : 50 manifestants chefs d’États s’essayant à la figuration intelligence

 Un mensonge par omission, qui vient troubler aujourd’hui l’actualité

Bien que le fact-checking, ou journalisme de vérification, se soit imposé dans l’ensemble des pays occidentaux depuis une bonne dizaine d’années, en France,  les journalistes professionnels, qui sont de plus en plus critiqués sur les réseaux sociaux, semblent vouloir tout faire pour devenir de plus en plus critiquables.

Alors que leurs compétences, leurs connaissances culturelles, sont de plus en plus souvent prises en défaut, ils hésitent de moins en moins à tordre les faits lorsque ceux-ci ne vont pas exactement dans le sens de leurs présupposés idéologiques, ou lorsque cela risque d’écorner leurs narrations idéalisées préfabriquées.

Ils sont nombreux à être persuadés que travestir la vérité n’est pas grave, si cela est fait dans une noble intention. C’est ce que les bons pères qualifiaient autrefois de pieux mensonges.

La tâche du journaliste n’est plus alors de dire ce qui est vrai mais de dire ce qui est bien.

En reprenant en 2015 sans réserve le récit officiel élaboré par les communicants de l’Élysée et/ou de Matignon ils se sont même convaincus d’avoir fait œuvre utile. À quoi bon ergoter pour reprocher aux 50 chefs d’États venus à Paris de n’avoir pas marché comme tous les médias ont voulu le faire entendre, et croire ?

Jusqu’à l’appel à participer à une «grande marche civique» contre l’antisémitisme lancé le 7 novembre par le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée nationale, la participation, ou non, à une manifestation du premier personnage de l’État, n’avait jamais provoqué d’approbation ou de réprobation systématiques de la part des Français. Car ils avaient compris depuis fort longtemps que la présence de leur président n’étaient bien souvent ni souhaitable ni souhaitée dans la rue au milieu de la foule, pour de triviales raisons de sécurité, ou pour des impératifs géopolitiques.

Lorsqu’ils lancèrent leur initiative, les présidents des deux chambres avaient bien évidemment l’espoir de mobiliser une immense foule, à l’image de celle qui avait manifesté le dimanche 11 janvier à Paris et dans toute la France. Ils croyaient pouvoir provoquer un vaste élan d’unité nationale, et en même temps, un grand mouvement de réprobation des horreurs commises par le Hamas.

En croyant pouvoir renouveler à l’identique la geste du peuple français de 2015, les organisateurs ont commis une regrettable erreur d’appréciation de la situation et du contexte.

En 2015, les « marches républicaines » organisées en réaction aux attentats djihadistes des 7, 8 et 9 janvier, se sont déroulées les 10 et 11 janvier, à chaud. Les participants à cette exceptionnelle manifestation de masse savaient tous précisément les raisons pour lesquelles ils étaient dans la rue. Ils voulaient afficher avec ostentation leur attachement indéfectible à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression, au droit au blasphème. Les terroristes voulaient faire taire en France les Juifs, les croisés et les mécréants. Les Français leur ont répondu de la façon la plus nette qu’ils n’avaient pas l’intention de rester muets. La réprobation des attentats djihadistes fut alors quasiment unanime, les gouvernants, François HOLLANDE le premier, et les forces de l’ordre purent ainsi bénéficier d’une forme d’union nationale.

Ce court et si rare moment d’unité du pays explique, pourquoi les médias restèrent si silencieux sur le fait que les chefs d’États avaient sagement manifesté entre eux, et surtout pourquoi en 2023 tant de Français gardent en rêve l’image d’un président manifestant avec eux.

En novembre 2023, aucune des conditions très favorables qui avaient permis à François HOLLANDE d’apporter, pratiquement sans aucun risque, son total soutien aux manifestations organisées début janvier 2015 dans toute la France, n’étaient plus du tout réunies.

Trois jours après l’attaque du Hamas, la présidente de l’assemblée nationale avait pu constater que le soutien inconditionnel de la France à Israël qu’elle appelait de ses vœux était loin de faire l’unanimité sur les bancs de la gauche.

Le 10 octobre : une minute de silence observée à l’Assemblée nationale

Quinze jours après l’attaque du Hamas, lors de son voyage en Israël, la présidente BRAUN-PIVET avait pu déjà mesurer la forte montée des sentiments antisionistes en France, et avait été obligé de dénoncer de nombreux propos antisémites à son égard.

En décidant d’inviter tous les Français à participer à une «grande marche civique» contre l’antisémitisme, le 7 novembre, un mois après le début des bombardements continus de la ville de Gaza par l’aviation israélienne, Yaël BRAUN-PIVET et Gérard LARCHER ont pris délibérément, (ou inconsciemment ?), le risque que leur invitation apparaisse bien tardive, déplacée, équivoque, voire partisane, et qu’elle soit totalement rejetée.

La manifestation du 12 novembre n’a pas répondu à l’attente des organisateurs, qui espéraient évidemment une plus forte et une plus large mobilisation. Mais elle s’est déroulée sans aucun incident et sans aucun débordement, ce qui était loin d’être acquis, en raison des images de plus en plus choquantes diffusées en provenance de Gaza.

Dès l’annonce de la manifestation, la question de la participation éventuelle du président français à l’événement a enflammé les esprits. Dix jours après la manifestation, les reproches faits au président de n’avoir pas suivi l’exemple de François HOLLANDE persistent. Certains vont même jusqu’à imputer la taille réduite des cortèges au fait que le chef d’État ait longuement hésité à rejoindre l’un d’entre eux, pour finalement n’en rejoindre aucun.

Emmanuel MACRON devait-il participer à la manifestation du 12 novembre 2023 comme François HOLLANDE le fit le 11 janvier 2015 ? Le pouvait-il ?

D’après un sondage effectué la veille du rassemblement, près de 80 % des Français pensaient qu’il devait se joindre à la foule. Les jours suivants les Français n’ont nullement changé d’avis.

La manifestation n’ayant été émaillé d’aucun incident notable, pourquoi auraient-ils modifié leur point de vue ?

Le silence que les grands médias ont voulu garder sur les conditions très particulières dans lesquelles François HOLLANDE avait fait son apparition à la manifestation de le 11 janvier 2015, a eu une fâcheuse conséquence pour le successeur du dernier président socialiste.

Emmanuel MACRON s’est retrouvé devant un choix quasiment impossible le 12 novembre.

Soit chercher à imiter François HOLLANDE, avec l’assurance que cette fois de nombreux médias se feraient un plaisir d’élargir le champ de vision des Français, un choix politique devenu hasardeux depuis le 11 janvier 2015.

Soit chercher à imiter François MITTERRAND, avec un risque, devenu de plus en plus élevé depuis le 14 mai 1990, un risque presque fou dans la situation internationale actuelle.

Emmanuel MACRON a fait savoir qu’il avait beaucoup consulté, beaucoup hésité, avant de finalement décider de ne pas participer à la manifestation. Nul doute donc qu’il n’a pas pris cette décision parce qu’il ne voulait pas se mêler à la foule, mais pour l’évidente raison qu’il ne pouvait ni politiquement ni pratiquement le faire sans courir d’énormes risques .

[Le 23 novembre 2023, 15 H10, J-C. C., Nîmes] : On pouvait lire le 13 novembre dans Le Monde : Peu avant que le cortège ne s’élance, alors qu’un rayon de soleil tente de percer, une folle rumeur parcourt la foule des manifestants réunis sur l’esplanade des Invalides pour marcher contre l’antisémitisme, dimanche 12 novembre : « Il paraît que le président de la République va venir », colporte Émilie (qui n’a pas souhaité donner son nom). Las, il n’y a pas eu d’apparition de dernière minute d’Emmanuel MACRON à la « marche civique »

[Le 22 novembre 2023, 17 H55, J-M. R., Alet-les-bains] :  vous avez écrit :  « le 14 mai 1990, après les profanations de Carpentras« . Profanations rapidement attribuées à « l’extrême-droite » et au Front national, dont il s’est avéré par la suite que la-dite extrême-droite n’en était ni le coupable ni le responsable. Et il a fallu du temps pour en faire admettre la réalité.

[Le 22 novembre 2023, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] :  Comment s’étonner, après le silence de la quasi totalité des journalistes sur cette manipulation grossière, que les Français ne leur fassent plus confiance?