N° 477′ Du 16 au 24 mars 2024 : Semaine de la Langue française et de la Francophonie !

Et qui en a parlé dans nos médias ? À part TV5 Monde et l’OIF, bien peu de monde hélas !    Voir – « Dis-moi dix mots sur le podium » : quand la langue française rencontre le sport.  Voir aussi – N° 477 HCILFF

 

Comme si cette semaine n’était pas, pour la France et les Français, un évènement d’importance, plus important quand même que le Carnaval  et Halloween, que l’on n’a pas manqué de célébrer un peu partout et notamment dans nos écoles !

Notre président de la République, qui a inauguré la « Cité internationale de la Langue française » au château de Villers-Cotterêts a fait supprimer de son titre officiel la mention « et de la Francophonie », qui faisait pourtant partie du titre d’abord accepté.

Ce qui voudrait dire que, pour notre gouvernement, la francophonie n’est qu’un oripeau folklorique ne méritant pas qu’on s’y attarde. Une telle négligence, une telle désinvolture, un tel mépris pour notre rayonnement culturel, c’est totalement scandaleux.  C’est pourtant la francophonie qui assure notre présence sur tous les continents et sur les océans. C’est pourtant la francophonie qui nous relie à de nombreux amis de notre pays dans le monde et nous assure un réseau relationnel sans pareil, tant au plan politique qu’au plan culturel.

D’autres pays qui font partie de ce réseau célèbrent cette Semaine de la Francophonie avec éclat, organisant sur ce thème de nombreuses manifestations. Seule la France, qui devrait pourtant être en pointe sur le sujet, ne semble le célébrer qu’en catimini, surtout grâce à des initiatives locales, qu’elles soient publiques, du fait de quelques collectivités, ou plus souvent émanant d’associations privées.

Nos écoles, collèges et lycées devraient en faire la large promotion auprès des jeunes : ils devraient pouvoir trouver dans tous ces pays amis des correspondants avec qui échanger pour mieux connaître le monde. À l’ère du smartphone greffé dans la main pour échanger sur du n’importe quoi, serait-ce une activité désuète et ridicule ?

Mais il est vrai que la France officielle semble approuver la disparition du français au profit du seul anglais, dans les filières d’enseignement comme dans les échanges au sein des instances de l’Union européenne, mesure décidée par Ursula von der LEYEN alors que c’est là une décision grave qui outrepasse ses pouvoirs.

La disparition progressive des temps (subjonctif (mode), passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.

La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression de notre belle langue française.

Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar MORIN est entravée, rendue impossible.

 

Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges ORWELL dans 1984 à Ray BRADBURY dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.

Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.

Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ?

Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté.

Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.

Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

Christophe CLAVÉ

À lire aussi sur wallonica.org : DESMURGET : La fabrique du crétin digital (Seuil, 2019)

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[Le 19 mars 2024, 8 H55, F. M., Champtoceaux] : Et si les ennuis de notre président provenaient simplement d’un problème d’expression orale. Est-ce que sa langue est à la hauteur de sa pensée, ou sa pensée est-elle limitée par la pauvreté de son champ linguistique ? « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. » – « Vous êtes assis, excluez-vous de vous lever ? ».

Les francophones ont du mal à comprendre les métaphores bancales d’Emmanuel MACRON lorsqu’il s’exprime en français. Rien d’étonnant donc que le président français ait du mal à se faire comprendre lorsqu’il tient à s’exprimer dans la langue anglaise, qui est, comme Winston CHURCHILL se plaisait à le rappeler : « La langue la plus facile à parler mal. ».

En 2017, InfoEquitable a publié un article revenant sur la rédaction de la résolution 242 de l’ONU concernant l’évacuation DE ou DES territoires occupés par Israël en 1967.

Combien de morts pour une question d’explication de texte ? 

Version anglaise : « Withdrawal of Israel armed forces from territories occupied in the recent conflict »

Version française : « Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit »

« Retrait des forces armées israéliennes des (de tous les) territoires occupés lors du récent conflit », qu’on ne peut pas confondre, quand on connait les subtilités de la langue française avec : « Retrait des forces armées israéliennes de (de certains des) territoires occupés lors du récent conflit ».

Version russe : Вывод израильских вооруженных сил с территорий, оккупированных во время недавнего конфликта

Les négociations internationales conclues par les traités de Westphalie en 1648 avaient fait du français la seule langue internationale, célébrée dès lors par l’expression « le génie de la langue française ».

Le traité de Vienne (1815) a été rédigé en français (seule version officielle).

Les Américains ont exigé que le traité de Versailles (1919) soit rédigé en français et en anglais (versions toutes deux officielles).

Depuis que les Américains ont imposé leur langue, le monde va-t’il beaucoup mieux, au point de vue linguistique et diplomatique ?

[Le 16 mars 2024, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : La langue c’est l’homme ! Arrêtez le massacre !