N° 470 « Dosis sola facit venenum » PARACELSE

Quel dommage que soit aujourd’hui méconnu des « experts de plateaux », ce qui est le plus fameux adage de PARACELSE, cité en latin dans sa formulation réduite : « Dosis sola facit venenum » (c’est la dose qui fait le poison).

Les classements PISA ont récemment confirmé que, ce que chacun peut constater avec tristesse chaque jour, le niveau scolaire des petits Français est devenu bien bas. On est malheureusement obligé de noter aujourd’hui que le niveau de l’enseignement supérieur est lui-même dramatiquement en baisse.

À l’occasion de la crise de la covid-19, on a pu ainsi constater que certains professeurs de Médecine et de Pharmacie avaient complètement oublié le principe cardinal de la science pharmacologique : « Tout est poison et rien n’est sans poison; la dose seule fait que quelque chose n’est pas un poison. »

Le professeur Mathieu MOLIMARD, l’un des plus célèbres hérauts anti-RAOULT, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux dénonce ainsi continûment depuis de nombreux mois la dangerosité mortelle de l’hydroxy-chloroquine en oubliant délibérèment de préciser à quelle dose.

Le traitement préconisé par le professeur RAOULT a été critiqué avec une telle célérité et un tel acharnement que cela est vite apparu hautement suspect. Ce que l’association Acrimed a tenu à relever, dès juillet 2020, dans un article emblématique intitulé : Chloroquine et Didier RAOULT : la mauvaise foi de Patrick COHEN.

Un traitement inefficace ? devenu mortel ?

Plus de 3 ans après le début de la violente polémique sur l’efficacité ou l’inefficacité du traitement à base d’hydroxy-chloroqine les partisans et les opposants à l’usage de ce composé chimique pour le traitement de la covid-19 campent sur leurs positions, convaincus tous les deux d’avoir toujours raison. Que l’hydro-chloroquine soit efficace ou inefficace, les conflits d’intérêts sont tels pour l’industrie pharmaceutique, qu’il est proprement inimaginable pour elle, que cette molécule puisse être effectivement efficace contre le covid-19, aussi peu que ce soit.

Les intérêts financiers en jeu sont si énormes qu’il faut être bien naïf pour croire que les auteurs des publications médicales, qui font leurs travaux de recherche grâce aux financements de laboratoires pharmaceutiques, sont tous d’une probité morale et intellectuelle exemplaire.

C’est pourquoi, faute d’études nombreuses, et toutes irréfutables, il est toujours impossible d’affirmer que l’hydroxy-chloroquine est un principe actif vraiment adapté à la lutte contre la covid-19.

Après le scandale provoqué par la publication dans la prestigieuse revue médicale The Lancet d’une fake new, un article très contestable, immédiatement contesté, et rétracté dès le 4 juin, en raison de grossières manipulations et inventions de données, on pouvait espérer que la la toxicité de l’hydroxy-chloroquine ne serait plus invoquée de façon aussi délirante : Coronavirus : le « LancetGate » ou le naufrage de la science business.

Malheureusement, une étude menée par une équipe de chercheurs sous la direction du Pr Jean-Christophe LEGA, professeur de thérapeutique aux Hospices Civils de Lyon, publiée le mardi 2 janvier dans la revue scientifique « Biomédecine et Pharmacotherapy » estimant à près de 17 000 le nombre de décès liés l’usage d’hydroxy-chloroquine lors de la première vague du coronavirus dans six pays, présente de nouveau cette molécule comme ayant une toxicité mortelle.

Toxicité mortelle ?

L’hydroxy-chloroquine n’a très vraisemblablement pas toutes les vertus que certains ont voulu à tout prix lui prêter, mais elle n’a pas non plus les tares dénoncées aujourd’hui par l’équipe du professeur LEGA.

Le doyen de la Faculté de Pharmacie de Montpellier, de 1970 à 1977, Maurice BOUCARD, professeur de Pharmacologie, a marqué des générations d’étudiants par les provocations et les blagues dont il émaillait régulièrement ses cours.

Afin qu’aucun étudiant n’oublie que la dose seule fait que quelque chose n’est pas un poison, il ajoutait tout de suite après avoir cité PARACELSE, que l’eau pure elle-même peut être mortellement toxique, selon la dose.

En voyant les étudiants tout dubitatifs, il ajoutait dans un grand éclat de rire : « vous ne me croyez pas, essayez donc de faire boire dix litres d’eau à quelqu’un d’un coup ».

Au cas où son auditoire n’aurait pas compris ses propos il se faisait un plaisir de les illustrer.

Une pratique cruelle du Moyen Âge, connue sous le nom de « cure par l’eau ».

Posologie

Tous les pharmacologues qui ont reçu les bases de la Pharmacologie telles qu’enseignées par feu le doyen BOUCARD ont appris que pour évaluer justement l’efficacité et la toxicité d’une molécule chimique, il fallait impérativement préciser les doses auxquelles ces propriétés ont été étudiées.

Sur le Site du ministère de la Santé on trouve les diverses posologies recommandées pour le Plaquenil (Sulfate d’hydroxychloroquine).

Pour les crises de paludisme aiguës, la dose initiale recommandée pour un adulte est 800 mg suivis de 400 mg après 6 à 8 heures. Puis ensuite 400 mg chacun des 2 jours suivants jusqu’à concurrence d’une dose totale de 2 000 mg d’hydroxychloroquine (soit une dose moyenne inférieure à 700 mg par jour).

La posologie recommandée par l’équipe de l’IHU de Marseille pour le traitement de la Covid-19 est de 600 mg par jour. Il est donc surprenant, et hautement improbable, que la prescription d’hydroxy-chloroquine à cette dose soit particulièrement risquée.

En novembre 2017, avant donc la crise covid-19, l’étude réalisée à l’Université Grenoble Alpes sous la direction du Pr Vincent DANEL, fixa à 2 000 mg la dose toxique pour hydroxy-chloroquine et la chloroquine.

On peut donc légitimement se demander si la plupart des études effectuées après l’apparition de la pandémie ont été faîtes pour confirmer une éventuelle efficacité de l’Hydroxy-chloroquine, ou surtout pour trouver une « bonne raison » d’en empêcher la prescription.

Toutes les études effectuées avec des posologies de 2 400 mg ou 400 mg sont donc hautement suspectes. Soit les chercheurs qui les ont effectuées ne connaissaient pas les posologies courantes, bien connues depuis des dizaines d’années, soit ils ont délibérément voulu faire de l’hydro-chloroquine un produit très toxique en donnant plus de 2 grammes par jour, ou ont voulu en faire un composé inactif en en donnant moins de 600 mg.

Les Occidentaux on tort de jouer avec la toxicité de l’hydroxy-chloroquine, pour de viles raisons pécuniaires. Les Africains qui les observent risquent de perdre le peu confiance qu’ils gardaient encore pour le monde des toubabs.

[Le 24 janvier 2024, 14 H50, ICEO, Montpellier] : Merci pour ce commentaire bien argumenté.

L’intervalle QT désigne le laps de temps qui sépare les ondes Q et T sur le tracé d’un électrocardiogramme. L’intervalle QT correspond au temps nécessaire pour la dépolarisation et la repolarisation des ventricules. Il se mesure entre le début du QRS et la fin de l’onde T. Il est considéré comme prolongé au delà de 440ms.
 

 

[Le 24 janvier 2024, 14 H25, G. C., Pouzols] :

  • Je pense qu’ICEO fait une erreur majeure en essayant de défendre une activité possible de l’hydoxychloroquine. Son absence d’efficacité a bien été démontrée par des études appropriées en double aveugle contre placebo (et pas dans l’article du Lancet auquel il est fait référence).
  • Mettre en doute la bonne foi de la quasi-totalité des chercheurs et professeurs de médecine sous prétexte que certaines de leurs recherches sont financées par l’industrie pharmaceutique n’est absolument pas justifiée en ce qui concerne l’hydroxychloroquine.
  • Le principe « seule la dose est le poison » n’est pas exact lorsqu’il s’agit de phénomènes d’intolérance.
    • une intolérance peut par exemple survenir chez des personnes ayant un QT long congénital et des produits allongeant le QT (type hydroxychloroquine) peuvent induire des troubles du rythme gravissimes (même à faible dose). D’ailleurs, un allongement du QT est désormais systématiquement recherché en début de développement d’un produit (pharmacologie de sécurité). 
    • Certains produits anciens sont restés sur le marché mais doivent être étroitement surveillés lorsqu’ils sont utilisés parce qu’ils sont absolument indispensables (cas de certains antibiotiques comme l’érythromycine).  L’efficacité de l’hydroxychloroquine n’ayant pas été reconnue dans cette indication, il est inutile de faire prendre le moindre risque aux patients.
  • Puisqu’on parle de doses (et donc de concentration plasmatique), la démonstration in vitro de l’activité anti-covid (qui a donné l’idée qu’elle pouvait être active in vivo) a été obtenue à des concentrations inatteignables in vivo.
[Le 20 janvier 2024, 10 H50, Pr O. D., Bamako : Comme toujours, c’est avec beaucoup de plaisir que je dévore les publications de l’ICEO, toujours pleines de renseignements et d’enseignements. Cependant, pour cet article N° 470, je dirai, sans avoir la prétention de parler au nom de tous les africains, que nous vous laissons ce débat « Franco-français ». En effet, c’est maintenant seulement, que votre tour est venu « d’ingurgiter » la chloroquine avec la pandémie Covid-19, alors que des études/recherches « très coûteuses » sont réalisées sur la toxicité de cette molécule. Je vous rappelle que cela fait des décennies que ce médicament est administré aux enfants et aux femmes enceintes en Afrique sans susciter autant d’intérêt scientifique et/ou médiatique. Par ailleurs, c’est elle aussi (l’hydroxy chloroquine) qui a été la molécule majeure utilisée dans le schéma thérapeutique de la prise en charge de la Covid-19 : résultat des courses, moins d’hospitalisation dans les services de réanimation (quasiment inexistants dans nos hôpitaux),  peu de décès par rapport à l’Europe et aux Amériques (Alhamdoulilaye).

Pour conclure, je ne parlerai pas de la crédibilité des « toubabs » mais plutôt de la naïveté de nous les africains. Il est plus que temps que notre éveil de conscience nous interroge et nous amène à réfléchir pour la prise en main de nos destins sans pour autant tourner le dos au reste de la planète (c’est la dose qui fait le poison).
[Le 19 janvier 2024, 12 H00, P. C., Notre-Dame de la Rouvière] : Article qui interroge.