N° 131 « Chaque Français bricole son propre système de valeurs »

« Il n’y a plus de normes, plus de verrous moraux ». Dans « l’Archipel français », Jérôme FOURQUET a décrit les dislocations de la société d’aujourd’hui. Pour « l’Obs », il explore les nouveaux visages de la France d’après.

Article reproduit, publié le 20 octobre 2019

OBSERVATION : En Europe Centrale et Orientale, en Pologne et en Roumanie notamment, les débats qui traversent la société française sont surveillés avec beaucoup d’attention. D’où notre responsabilité, d’où la raison de cette article.

Par Maël THIERRY, Rémi NOYON, Alexandre LE DROLLEC et Carole BARJON

Publié le 20 octobre 2019

L’OBS. Vous avez raconté dans votre livre le processus de dislocation des matrices catholique, républicaine et communiste qui ont longtemps structuré notre pays. Sommes-nous maintenant au bout de ce processus ?

Jérôme FOURQUET. Oui, je le crois. Tous les repères traditionnels ayant volé en éclats, nous entrons désormais dans une nouvelle période. C’est un basculement anthropologique d’une ampleur inédite dans l’histoire récente. Voilà longtemps que les sociologues ou les philosophes annoncent le « désenchantement du monde ». Max WEBER en parlait déjà en 1917, Marcel GAUCHET, en 1985, évoquait le processus de « sortie de la religion ». Cette fois, nous y sommes.

Quels sont les signes de ce basculement ?

Le nombre de baptêmes, par exemple : entre 2000 et 2017, il a chuté de 42%. En 1970, 76% des nouveau-nés étaient baptisés. Quarante-trois ans plus tard, en 2013, ils ne sont plus que 36%.

De même, l’attribution du prénom Marie, très fréquent au début du siècle (20% des filles), rare de nos jours (0,3%). On voit donc que cette déchristianisation est loin de concerner seulement la sphère intime des croyances. En s’opposant au républicanisme, puis au communisme, le catholicisme a en effet profondément modelé notre paysage politique.

Il suffit de reprendre les études du géographe André Siegfried sur la Sarthe. Après la Révolution française et jusqu’au début des années 1980, ce département est divisé en deux : à l’ouest, la droite dans les bastions de la chouannerie catholique ; à l’est, la gauche dans les fiefs républicains laïcs. Et c’était très visible, justement par le décompte des prénoms Marie au niveau communal. Aujourd’hui, tout est brouillé… Le clivage politique prend désormais la forme de cercles concentriques autour du Mans : le périurbain et le rural frontistes contre la ville-centre macronienne.

« En 1985 déjà, Marcel GAUCHET évoquait le processus de sortie de la religion »

Il reste tout de même un vieux fond chrétien… Regardez les réactions à l’incendie de Notre-Dame.

Cet événement est difficile à analyser. Un laïc, amoureux du patrimoine, des belles pierres et de Victor HUGO, a pu ressentir jusque dans sa chair la destruction des toits de Notre-Dame. Il reste que toute la France n’a pas été meurtrie par cet incendie. Certes, 77% des Français se disent « émus », mais il y a donc tout de même 23% d’entre eux qui n’ont pas été spécialement marqués par ces images. La ventilation par âge est également très éclairante : les jeunes sont nettement plus indifférents. Il y a là une illustration parfaite de ce que l’écrivain Nicolas Mathieu décrit dans son roman « Leurs enfants après eux ». A un moment, raconte-t-il, un jeune adulte entre dans une église :

« Il regardait les vitraux, les sculptures, ces images de supplice et de gloire sans rien comprendre. »

Autrefois, les « bouffe-curés » méprisaient la religion, mais ils en connaissaient la grammaire, les histoires, les personnages. Pour les nouvelles générations, c’est une langue étrangère. Il n’y a plus de référentiel commun. Ce basculement anthropologique est encore atténué par le poids démographique des baby- boomers porteurs de cette culture mais vieillissants. Dans les prochaines années, la rupture va s’accélérer… Et cela va aller très vite.

L’évolution de l’opinion publique sur les questions bioéthiques, comme la PMA ou la GPA, traduit-elle cette déchristianisation ?

Bien sûr. En 1990, seulement 24% des sondés se disaient favorables à l’élargissement de la PMA aux couples de lesbiennes. Aujourd’hui, nous en sommes à 65%. Les gens se disent : « Tant que ça ne m’enlève rien à moi… » C’est la traduction d’un parfait relativisme. Il n’y a plus de normes, plus de verrous moraux. C’est le mariage pour tous qui a été la mère des batailles, comme le pressentaient à la fois les partisans de cette loi et ses opposants. Après 2013, les mœurs ont continué de se libéraliser. C’est ce qu’on appelle l’« effet cliquet » : on passe automatiquement à l’étape suivante sans pouvoir revenir en arrière. Les opposants à la PMA sentaient bien que leur combat était perdu d’avance. Leur slogan en disait d’ailleurs long : « La PMA ne passera pas comme une lettre à la poste. » C’était admettre par avance qu’ils avaient perdu !

Ce basculement concerne-t-il aussi notre rapport à la mort ?

Oui, et de manière spectaculaire. Aujourd’hui, une majorité de Français préfère se faire incinérer plutôt que d’être enterré. Certaines villes, comme Niort ou Paris, offrent même des inhumations « écologiques ». Les caveaux en béton et les stèles en granit importé sont proscrits et remplacés par des stèles en bois issu de forêts locales. Des procédés comme l’aquamation [le corps est bouilli dans une eau alcaline pour dissoudre la chair, NDLR] et la promession [le corps est refroidi avec de l’azote liquide pour le rendre friable] apparaissent déjà. Aux États-Unis, dans l’État de Washington, l’humusation a été légalisée. C’est littéralement un compost humain…

En quoi serait-ce négatif ? On dit souvent que la sépulture « pérenne » marque le début de l’humanisation, mais de nombreuses cultures ont préféré ne pas laisser de traces…

Je n’ai pas dit que c’était négatif. Je constate simplement que c’est un changement majeur dans la longue histoire de notre pays.

 « La carte du vote animaliste se superpose étrangement à celle du vote Rassemblement national »

Le score du Parti animaliste aux européennes s’inscrit-il aussi dans ce basculement ?

Il a obtenu 2% des voix. Cela paraît peu, mais c’est un résultat qui est presque celui du Parti communiste (2,5%) ! En étudiant la carte du vote animaliste en France, on constate qu’elle se superpose étrangement à celle du vote Rassemblement national. Pourquoi ? Peut-être parce que Marine LE PEN parle souvent de la souffrance animale. Mais, je remarque que ce sont deux partis qui incarnent le dépassement du clivage gauche-droite qui s’épanouissent dans des endroits où la désidéologisation a atteint son paroxysme. Selon moi, cette corrélation est donc liée au fait que ces deux partis sont inscrits dans ce qu’on pourrait appeler « le monde d’après » ou « la France d’après ».

Pour le moment, les animalistes ne percent guère dans les zones encore relativement imprégnées de catholicisme. Ce qui s’explique par la tradition biblique dans laquelle l’homme est considéré comme supérieur au reste du monde animal. Ils sont également peu présents dans les zones d’élevage et dans le centre de Paris, où le vote écologiste est fort, et où l’on s’intéresse davantage aux pandas et aux baleines qu’aux teckels et aux chats siamois. En revanche, il fait une percée dans les zones pavillonnaires, où il est aisé d’avoir un animal de compagnie, et à Saint-Tropez… Bref, c’est la France de 30 Millions d’Amis et de Brigitte BARDOT !

Quelque chose peut-il venir combler ce vide spirituel ? Si oui, quoi ?

Beaucoup de gens peuvent vivre sans béquille spirituelle. Les coachs en développement personnel ou les anxiolytiques, que les Français consomment massivement, peuvent aussi servir d’ersatz… Mais on constate que le vide creusé par le déclin de l’Eglise et du Parti communiste est comblé par de nouvelles formes de religion. Chacun bricole dans son coin son propre système de valeurs en allant puiser son inspiration parfois très loin : la spiritualité bouddhiste ou la philosophie précolombienne, comme en témoigne le succès du livre « les Quatre Accords toltèques » (1), par exemple. Pour illustrer ce phénomène par une métaphore, je dirais que sur le plan culturel et idéologique nous sommes passés du système de l’étalon-or à celui des taux de change flottants !

Il y a pourtant un accroissement du nombre d’Eglises évangéliques…

C’est effectivement très frappant. Jusque récemment, ce mouvement concernait surtout des populations venues d’Afrique ou des départements ou territoires d’outre-mer. Aujourd’hui, l’évangélisme progresse dans toutes les strates de la société : chez les gens du voyage, comme dans des zones rurales ou périurbaines. L’implantation des évangéliques déborde très largement des vieux terroirs protestants. On compte aujourd’hui 2 000 Eglises évangéliques en France. Et cela n’a rien à voir avec le vieux fond protestant de notre pays. Le système de valeurs y est souvent beaucoup plus strict : pas de sexualité avant le mariage, forte défiance envers l’homosexualité, etc. Et, comme souvent, chez les plus rigoristes, la dynamique démographique y est plus forte que dans le reste du pays…

Y a-t-il un regain des religions « traditionnelles » ?

Ni le judaïsme, ni l’islam ne gagnent de « nouvelle parts de marché », contrairement à ce que le discours médiatique laisse parfois entendre. En revanche, on observe un regain religieux et identitaire dans une partie des populations d’origine juive ou musulmane.

Donc, il n’y a plus de référence commune ?

On assiste peut-être à l’émergence d’une « matrice écolo » au sens très large qui pourrait constituer un ciment entre différentes îles de larchipel français. On constate en effet l’apparition d’une sorte de nouvelle spiritualité diffuse qui agrège des éléments new age et même néochamaniques : la référence à la Terre-Mère (Gaïa), les ventes faramineuses de « la Vie secrète des arbres » (2). Ces tendances ont en commun de remettre en question à la fois la science moderne, jugée trop instrumentale, et la religion catholique, accusée d’entretenir l’idée d’une exceptionnalité humaine par rapport au reste de la « création ». Elles reposent toutes sur l’idée que le vivant est un continuum.

 « Le vide creusé par le déclin de l’Église et du PC est comblé par de nouvelles formes de religion »

Selon vous, l’écologie revêt-elle la forme d’une religion ?

Par certains aspects, oui. Penchons-nous sur la collapsologie, cette idée suivant laquelle notre civilisation est condamnée et que nous ne pourrons plus éviter l’effondrement, et que s’est engagé, comme le dit l’ancien ministre Yves COCHET, « le processus irréversible à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, etc.) ne seront plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ». On retrouve là le thème de la chute finale et de la faute à expier par l’Homme. Les manifestations de cette « fin d’un monde » ressemblent à celles déjà décrites dans l’Apocalypse : les forêts en Amazonie qui brûlent, les méga-feux en Amérique qui détruisent la ville de… Paradise.

Greta THUNBERG ressemble à la figure de Jeanne d’Arc ou de Bernadette Soubirous : c’est l’enfant qui fait la tournée des cours d’Europe pour porter un discours que les adultes, trop corrompus, trop aveuglés, ne veulent pas entendre. Le vocabulaire écolo illustre d’ailleurs souvent l’idée de quelque chose de sacré : un agriculteur qui passe au bio entame sa « conversion » ; pour préserver la biodiversité, il faut créer des « sanctuaires ». Il y a aussi toute une orthopraxie, des règles de conduite auxquelles les fidèles doivent se conformer, par exemple éviter l’avion et l’huile de palme ou ne plus manger de viande. L’écologiste fait carême toute l’année !

Peut-on vraiment comparer une religion appuyée sur un texte « révélé » à un mouvement qui se réfère aux rapports du Giec élaborés par des milliers de scientifiques ?

Non, évidemment. Le catholicisme relevait de la foi tandis que l’écologie – lorsqu’elle ne dérive pas dans le néomysticisme – s’appuie sur la science. Mais je parle ici de la religion dans son sens étymologique de religare , autrement dit ce qui fait le liant dans une société et qui est susceptible de modifier les comportements. Cela dit, la ligne de partage entre une écologie qui se veut rationnelle et informée par la science, et la spiritualité new age est parfois ténue. Ça peut très vite déraper. C’est du reste peut-être ce « vague » qui provoque la vague…

L’écologie dispose du potentiel nécessaire pour devenir une nouvelle matrice idéologique très puissante. Elle peut agréger des composantes sociales très diverses, depuis le bobo de l’Est parisien jusqu’à l’intermittent ou au néorural des montagnes ariégeoises.

 « L’écologie dispose du potentiel pour devenir une matrice idéologique puissante »

L’écologie, nouveau clivage en lieu et place du clivage droite-gauche ou du clivage libéral- social ? C’est ce que décrit le philosophe BRUNO LATOUR dans « Où atterrir » (3). Il y aurait ce qu’il appelle les « modernes », qui croient encore au progrès, à la croissance, au pouvoir démiurgique de la science, contre les « terrestres », attachés au local, à la sobriété énergétique…

Il est certain que l’écologie arrive maintenant en tête des préoccupations des Français. En vingt ans, la proportion de Français achetant régulièrement du bio a bondi de 7% à 19% ! Le succès de l’application Yuka – 11 millions de téléchargements – a déjà poussé certaines grandes marques à annoncer qu’elles vont modifier la composition de centaines de leurs produits. Evidemment, on peut dire que c’est du greenwashing ou que les applications, qui émettent souvent beaucoup de gaz à effet de serre, ne font pas une politique. Mais ce sont des symptômes et des changements dans la vie quotidienne -les grandes idéologies n’ayant pas cette capacité d’influence sur les modes de vie. N’oublions pas non plus le succès des chauffages au bois ou de Lidl qui axe sa communication sur le localisme.

Mais si tout le monde est d’accord, il n’y a pas de clivage possible… Pour que ce clivage s’installe durablement, il faudrait qu’il y ait un contre-pôle, un ennemi à désigner, un « Eux » qui permettrait la formation d’un « Nous ». Si la situation se tendait, que des mesures coercitives étaient adoptées, une limitation de l’usage de la voiture par exemple, on peut imaginer que ce clivage prendrait corps assez rapidement. Pour l’instant, il n’y a pas vraiment d’opposition frontale à l’écologie, sauf chez certains chasseurs, agriculteurs ou possesseurs de SUV dans l’Ouest parisien. Elle s’exprime toujours de manière très euphémisée…

D’après vos enquêtes d’opinion, les Français sont-ils prêts à modifier leur mode de vie ?

On touche là à quelque chose d’ extrêmement sensible : le rapport à la société de consommation. A ce propos, il faut rappeler les réactions provoquées par un article paru dans « le Monde » , qui détaillait les dépenses quotidiennes d’une famille « gilets jaunes ». Des centaines de lecteurs ont commenté et critiqué leur mode de vie, jugé trop dépensier. J’y vois un symbole de la crispation et de l’ambiguïté du rapport à la société de consommation.

Pour les élites, qui lisent « le Monde », il paraît difficilement concevable qu’un couple affirmant vivre « à l’euro près » possède un chien et achète des vêtements de marque à ses enfants. C’est facile à dire lorsqu’on vit dans une ville où le prix d’un jus de fruit en terrasse avoisine le montant d’un smic horaire ! Pour toute une partie du bas de la classe moyenne, la crainte de déchoir s’exprime souvent par l’achat de marques ou de petits extras. Cela permet de se différencier des « cassos », ceux qui sont définitivement hors jeu et ne peuvent plus acheter « de la marque ».

C’est triste à dire, mais à une époque où toutes les valeurs se sont effondrées, la consommation et les loisirs sont les seuls moyens de trouver et de mesurer sa place dans la société… Le problème est que le standard moyen exigible ne cesse d’être rehaussé. Les émissions de Stéphane PLAZA en sont un exemple parfait : le journaliste Jean-Laurent CASSELY a calculé que le prix moyen des maisons présentées était de 350 000 euros. Et c’est implicitement désigné comme ce à quoi peut prétendre la classe moyenne !

La jonction entre la colère sociale des « gilets jaunes » et l’inquiétude des écologistes vous semble-t-elle possible ?

C’est bien ce que s’efforcent de faire certains leaders des « gilets jaunes », comme Priscillia LUDOSKY, avec le slogan « Fin du monde, fin du mois, même combat » . On y retrouve la tentative de construction d’un nouvel espace politique permettant d’agréger dans un même discours des groupes sociaux a priori très disparates.

A l’Ifop, nous avons mené une étude illustrant cette fracture dans un département comme la Drôme. D’un côté, le territoire de la Biovallée autour de Die et de Crest. C’est une terre de néoruraux, avec une forte concentration d’associations, de fermes biologiques, etc. Le vote EELV est élevé dans ces collines et petits villages. A vingt kilomètres de là seulement, dans la vallée du Rhône, l’ambiance est radicalement différente et le paysage alterne zones commerciales, entrepôts logistiques et quartiers pavillonnaires, le tout parsemé de nombreux ronds-points. Dans cette deuxième zone, les « gilets jaunes » ont été très actifs et le RN y fait un carton. Et pourtant, le profil socio-économique des populations de ces deux zones n’est pas très éloigné. Simplement, les premiers ont fait le choix de la sobriété volontaire, du refus de la société de consommation, tandis que les autres s’efforcent de conserver un mode de vie qu’ils voient s’effriter… Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un constat.

Au plan local, la sortie du modèle dominant nécessite un enchaînement de petits miracles. Cela arrive souvent dans des villages où le maire parvient à lancer des projets permettant la transition écologique, à motiver des familles, à susciter la création d’associations et, du coup, le lien social se reconstitue. Mais dans les villes où le lien civique a été dévasté, il ne reste souvent que la hantise de ne pas chuter socialement et de pouvoir continuer à « tenir son rang » en consommant.

Rappelons par exemple que le livre d’Ingrid LEVAVASSEUR, égérie des « gilets jaunes », s’appelle « Rester digne » (4). Le problème en France aujourd’hui est que le peloton de tête accélère et qu’il devient de plus en plus difficile pour les autres de suivre…

Propos recueillis par Carole BARJON, Alexandre LE DROLLEC, Rémi NOYON et Maël THIERRY.

(1) « Les Quatre Accords toltèques », best-seller mondial de Miguel Angel RUIZ, 1997. Traduit en 40 langues.(2) « La Vie secrète des arbres », Peter WOHLLEBEN, Les Arènes, 2017.(3) « Où atterrir ? Comment s’orienter en politique », Bruno LATOUR, La Découverte, 2017.(4) Flammarion, 2019.

Jérôme FOURQUET, bio express

Directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’institut de sondage Ifop depuis 2011, Jérôme FOURQUET est spécialiste de géographie électorale. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « l’Archipel français – Naissance d’une nation multiple et divisée », publié au Seuil en mars dernier, livre couronné par le Prix du livre politique.

Paru dans « L’OBS » du 17 octobre 2019.

[Le 31 octobre 2019, 23 H55, F. B., Pau] :  « Les catholiques ne vont pas disparaître, mais ils ne constitueront plus qu’une île de cet archipel français alors même que pendant des siècles et des siècles, et jusqu’aux dernières décennies, le catholicisme était quand même un élément fondateur et structurant et assurant l’armature psychologique, culturelle et sociologique du pays« .