
N° 189 Crise : primum non nocere et primum non terrere* !
D’abord ne pas nuire et d’abord ne pas effrayer* !
Cela vaut pour la médecine, le journalisme et la gouvernance aussi.





La porte parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye NDIAYE, le 17 mars,

Le professeur Jérôme SALOMON, lors de l’une de ses conférences quotidiennes

Le premier ministre Édouard PHILIPPE, et Olivier VÉRA le samedi 28 mars.
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On doit donc légitimement penser que la mise en scène de l’intervention du Président à Mulhouse n’est pas fortuite.
Pour les Français qui savent lire les images, et qui connaissent l’Histoire, le message est on ne peut plus clair.
Restant dans une posture de chef de guerre, Emmanuel MACRON a sorti lors de son passage en Alsace les vieilles recettes auxquelles tous les chefs d’État ont recours quand ils sont dans la tourmente : retour à la patrie éternelle toute !
Durant la Première Guerre mondiale, la Troisième République anticléricale n’a pas hésité à faire appel à des aumôniers militaires catholiques pour conforter le moral des soldats qu’elle envoyait au massacre. De même, durant la Seconde Guerre mondiale, Joseph STALINE n’a pas hésité à faire sortir du goulag les popes qu’il y avait lui-même envoyés, pour qu’ils bénissent ses soldats avant qu’ils ne montent au front .
De même que lorsque les enfants ont un gros chagrin, ils se tournent vers leurs parents : Allô maman bobo, lorsque les peuples sont à la peine ils se tournent naturellement vers la mère patrie. Preuves en sont, les regrets qu’affichent tous les Français bloqués à l’étranger, dans des pays non confinés et pas encore affectés par le covid-19, et qui n’aspirent cependant qu’à rentrer au bercail.
Après les Grecs et les Italiens, à l’occasion de la pandémie au covid-19, les Français et leur Président ont pris conscience que la nation européenne était encore dans les cartons. Depuis le début du confinement, les Français ont rapidement compris que, comme les communistes chinois en 1949, ils ne devaient compter que sur leurs propres forces.
Si personne dans l’entourage du Président n’est capable de décrire précisément ce que doit recouvrir cette opération résilience, chacun comprend aisément pourquoi il a utilisé le mot résilience. En effet, plus que la capacité de résistance, la résilience dénote une capacité à se reconstruire, à repartir de l’avant.
Rien donc d’étonnant à ce que le Président de la France invoque la capacité de résilience du peuple français. Mais étonnant tout de même qu’il en appelle à l’âme d’un peuple, dont il n’a cessé de nier l’existence, voire la consistance : Il n’y a pas de culture française.
Mais pour qu’un peuple soit résilient, pour qu’il puisse mobiliser toutes ses énergies et son génie propre, il faut qu’il se sache uni dans l’effort, respecté et estimé par ceux qui prétendent le diriger.
Lorsqu’en quittant Israël en janvier 2020, Emmanuel MACRON a cru judicieux de faire un rapprochement entre la Shoah et la guerre d’Algérie, laissant entendre que la France était coupable d’un génocide, il a montré qu’il méconnaissait le sujet dont il parlait, il a surtout fait preuve de propos inconséquents, propres à miner la résilience potentielle des Français, dont la France a tant besoin aujourd’hui.
En répétant aux jeunes Français depuis des dizaines d’années qu’ils étaient tous plus ou moins des enfants de salauds, des idéologues fous ont cru pouvoir les rendre vertueux. Quand on apprend que des gens osent en ce moment voler et revendre des appareils respiratoires, des masques, et écrire des lettres anonymes aux soignants pour les inviter à déménager, on peut constater que, si les aïeux des Français étaient des salauds, leurs descendants ne sont pas mal non plus.
La résilience d’un peuple ne nait pas par génération spontanée. Elle se construit au long des siècles, de génération en génération. Seuls ceux qui sont fiers de leurs origines,fiers de ce qu’ils sont, qui savent ce qu’ils doivent à ceux qui leur ont transmis un héritage, sont armés pour lutter contre l’adversité. Pour pouvoir aimer les lointains, ils faut commencer par aimer ses prochains et ne pas avoir honte de soi.
La crise sanitaire actuelle, qui ne sera vraisemblablement pas apocalyptique dans les pays occidentaux, en terme de mortalité, marquera assurément économiquement, socialement et sociétalement un grand tournant historique.
Les acquis sociaux et politiques dont les Français bénéficient depuis plus de 75 ans ont été conçus, élaborés, programmés, et votés à l’unanimité par le Conseil National de la Résistance, le 15 mars 1944, soit un an avant la libération totale du pays.
Pour que les inéluctables changements ne tardent pas à se mettre en place après la fin de la pandémie, faut-il encore qu’ils aient été envisagés. Il y a donc urgence à réfléchir dés maintenant à l’avenir que nous voulons construire, en France, en Europe et dans le monde.
Dans l’entretien qu’il a accordé au journal La Croix, le 30 mars, Laurent BERGER, secrétaire général de la CFDT, lance le débat : La crise sanitaire montre que l’humain doit primer et doit déboucher sur une plus forte reconnaissance des travailleurs.
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Reste à vaincre la crise sanitaire et à sortir sans séquelles du confinement.
Problème sanitaire : primum non nocere.
L’utilisation de la chloroquine fait grand débat. Les médecins qui goûtent mal le succès médiatique du professeur Didier RAOULT, et expriment des réserves peu amènes sur le traitement qu’il propose, se remettent à parler latin, comme chez MOLIÈRE : primum non nocere.
Problème du confinement : primum non terrere.
67 millions de Français vivent actuellement la période de confinement le plus stricte que la France ait eu à connaitre de toute sa longue Histoire. Alors que cette épreuve est très difficile à supporter, les médias en continu semblent tout faire pour distiller la peur, le doute, et chasser l’espérance. La période de privation de liberté est très douloureuse et délicate pour les plus défavorisés, Pour que la sortie du confinement se fasse le moins mal possible. Il ne faut pas ajouter la terreur à leur torture actuelle : primum non terrere.
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